Stop Express au Brésil

Le Brésil est sur notre route et représente une escale idéale pour se reposer et s’avitailler de frais. Rallier les Antilles depuis l’Afrique du Sud, c’est un gros morceau en terme de traversée, que nous décidons de découper en plusieurs étapes :
  • Capetown-Ste-Hélène : 1700 NM parcourus en 8 jours
  • Ste-Hélène – Cabedelo, Brésil : 1700 NM, en 9 jours
  • Il restera encore 2000 NM entre Cabedelo et le Brésil que nous espérons couvrir en 10 jours.
Le compte à rebours du retour en France est entamé, et nous souhaitons passer les quelques mois qui nous restent à naviguer et profiter des eaux chaudes et turquoises des Antilles;
Aussi décidons-nous de ne rester que le minimum au Brésil, immense pays qui mériterait bien plus! C’est en particulier bientôt Carnaval, celui de Salvador de Bahia est très réputé, et serait une escale géniale.
Rio également, et surtout l’archipel de Isla Grande au sud du pain de sucre.
Peut-être pour le prochain tour du monde? !
En attendant, Cabedelo est l’escale idéale pour nous : une petite marina nichée dans un bras de rivière, au coeur d’un petit village de pêcheur, lui-même accolé à une station balnéaire atlantique pas trop touristique, à 5mn d’une grande ville de 1 millions d’habitants : Joao Pessoa.
Au programme : du  repos, un avitaillement en produits frais, l’envoi des cours du CNED de Victor, le nettoyage du bateau….
 
Les côtes du Brésil sont en vue…enfin, non pas les côtes elles-même, mais les gratte-ciels! C’est Joao Pessoa, « petite bourgade » d’un million d’habitant. La grande majorité des brésiliens vit sur la côte, dans des grandes villes hérissées d’immeubles de logement très hauts.
 
Un peu plus loin sur la côte, la petite cité balnéaire de Cabedelo,

et au bout de la péninsule : le terminal pétrolier. Nous embouquons la rivière, et voilà : bienvenue au Brésil s’exclame Anna!

Bienvenue au Brésil!

Derrière le terminal pétrolier, un village,  des cases de pêcheur, Mais toujours pas de marina….Nous ne sommes pas sûrs de son emplacement : elle n’est pas indiquée sur les cartes. Nous demandons notre route à un pêcheur, L’échange est savoureux, lui dans un brésilien très peu articulé, plein de bonne volonté, et nous en « franglaispagnol »….Mais il nous fait comprendre qu’il faut descendre le fleuve encore quelques nautiques jusqu’au village de Jacaré. Merci chef! Il circule en motogodille, comme toutes les pirogues locales, ce qui ne lasse pas d’étonner les garçons.

Nous nous enfonçons dans le fleuve, qui n’est pas balisé, mais heureusement cartographié.
Nous longeons la rive : des plages sauvages, 

Puis de plus en plus civilisées,

un homme baigne son cheval (ou son âne?)

L’activité de pêche qui se devine,puis une cale de mise à l’eau, et nous y voilà! La marina Jacaré, 

Plus loin la plage de rivière de Jacare

d’où les touristes partent pour leur « sunset cruise » sur la rivière
et au loin la ville de Joao Pessoa,

 
Qu’il est bon d’arriver à bon port après 8 jours de mer! 
Une bonne bière locale nous attend ce midi, ainsi qu’un délicieux plat brésilien : le feijoda.
L’après-midi, nous partons nous balader au bord de la mer, curieux de découvrir le côté océan de ce conglomérat urbain. 
Côté plage, c’est à la fois citadin et sauvage : les dunes sont non construites, et de l’autre coté, c’est la route, les restos, et les immeubles.Nous flânons en fin de journée, et c’est clairement le rdv des sportifs, promeneurs de chiens, adeptes du yoga sur la plage,

du surf,

 de l’entrainement sportif…
Un style de vie assez sympa, plus proche de Miami que des Tuamotus…
Car nous profitons aussi de cette courte escale pour non pas visiter, mais pour prendre le pouls du pays.
La bonne nouvelle c’est qu’avec mon espagnol castillan, je me fais assez bien comprendre. Ici en effet, personne ne parle anglais, ni espagnol, curieusement : après Bali en Indonésie, c’est le second pays de notre tour du monde dont nous ne parlons pas du tout la langue. A l’écrit, pas de problème, je déchiffre assez bien les cartes des restaurants et des bars! 
La Caïpirina, je connais, et les verres sont vite vidés!
Et vous, connaissez-vous la boisson nationale brésilienne?  A base de cachaça, c’est une sorte de ti-punch allongé, dans un grand verre rempli de garçons et de quartiers de citron vert. C’est notre première dégustation de caïpi, sur la plage de Cabedelo!
 
Quand à la cachaça, ce n’est pas exactement du rhum, même si cet alcool partage avec le rhum le fait d’être issu de la canne à sucre. Le procédé de distillation est différent : la cachaça est plus rustique et plus parfumée, issue d’une distillation directe du jus de canne à sucre, alors que le rhum est issu d’une distillation d’un résidu de canne à sucre de l’industrie sucrière, la mélasse, le jus de canne étant utilisé pour faire du sucre. Autre différence : la cachaça titre 40°, alors que le rhum titre 70°, pour être ramené à un degré plus raisonnable d’alcool par adjonction d’eau.
Là où ca se complique, c’est que le rhum agricole des Antilles (qui ne représente que 2 à 3% de la production de rhum), si réputé et particulièrement parfumé, est fabriqué directement à partir du jus de canne… De là à dire que le rhum agricole n’est qu’une cachaça antillaise…. je sens que je vais me faire taper sur les doigts?! En tous cas, le débat est lancé.
Nous gouterons aussi à la feijoda, plat national à base de haricots rouge, riz, accompagné de légumes verts sautés, farine de manioc, tranches de fruits…. complet, savoureux, et revigorant!

Ca me rappelle le riz « moros et christianos » des cubains.
Nous gouterons aussi aux tapas locaux, à base de fritures et beignets de type empanadas, typiques d’Amérique du sud. On adore les frites d’igname, les beignets de poisson. 
Une autre spécialité, en dessert, c’est les galettes de manioc, accompagnés de bananes en rondelles, sauce chocolat, coco râpée….
 
Pendant les 3 jours restant, nous aurons un rythme soutenu de travail le matin pour les 3 enfants, et l’après-midi aussi pour Victor qui doit rendre ses cours du CNED pour la fin de semaine. 
L’internet est poussif, je peine à mettre notre blog à jour, et c’est frustrant!
Heureusement, l’ambiance est sympa à Jacaré Marina, un ensemble de pontons, d’un resto, de services et d’un chantier tenus par 3 amis francophones. La moitié des bateaux de passage sont d’ailleurs français, ce qui nous dépayse un peu.
On y mange bien, les cafés sont excellents, et l’endroit est agréablement ombragé, frais, et abrité de la pluie : c’est très appréciable par ces fortes chaleurs.
C’est là que les navigateurs que nous sommes tous travaillent, prenent leur météo, bricolent, cousent, appellent leur famille, mettent leur blog à jour, montent leurs vidéos, etc….

Un petit jardin accueille plantes aromatiques et d’ornement locales :

plante aromatique brésilienne

ananas ornemental

feuilles délicatement ourlées… de mini-feuilles

quel graphisme!

Loïc profite de l’abondance de l’eau du fleuve pour un nettoyage en grand de Moby ; il faut dire qu’après les sables rouges d’Afrique, les pénuries d’eau de Cape Town et le temps particulièrement sec que nous avons eu depuis, il était temps de donner un bon coup de jet d’eau.
Le climat est chaud, très chaud. Les périodes de soleil cuisant alternent avec des périodes de temps couvert, humide, et à peine moins chaud.
L’après-midi, je vais en ville faire les courses, et c’est un plaisir de voir l’abondance de fruits et légumes de tout genre : le Brésil est un grand pays agricole, et ça se voit! Nous faisons le plein de fruits de la passion gros comme des oranges, d’oranges grosses comme des pamplemousses, mais aussi de noix, noisettes, pistaches, amandes, graines de tournesol, noix du Brésil etc….
Tous les climats ou presque co-existent, depuis les côtes tropicales du Nordeste, aux plaines verdoyantes et plus tempérées du Minas Gerais au sud.
 
Le pays aussi est contrasté : d’un côté la plage, les gratte-ciels, les supermarchés, les cours de fitness, de l’autre, de modestes maisonnettes : et des charrettes tirées par des ânes sur la 4 voies,  On devine de grosses différences sociales entre les pêcheurs et les pauvres des favelas, et les citadins habitant leurs immeubles.
Dans la soirée, nous allons nous promener à 5mn de là, sur la Praïa Jacaré, le marché artisanal local, rendez-vous des touristes locaux. 
qui s’offrent une galette de manioc ou une eau de coco en regardant le coucher du soleil sur la rivière.Ici, les touristes ne sont pas des étrangers, mais des brésiliens, comme ces jeunes femmes qui me demandent mon chemin : elles viennes de Manaus, au coeur de l’Amazone, et viennent goûter à l’ambiance de la plage, de la fête, à moindre frais qu’à Rio.
D’autres optent pour la « sunset cruise », avec musique à fond, danses de groupe, ambiance!!! Car c’est un des grands trait du brésil : la musique! Et ici, on l’écoute partout, toute la journée, et très très très très fort. Typique : cette petite voiture anodine qui stoppe le soir sur le bas-côté, et ouvre son coffre : rempli de baffles, une sono à en réveiller un mort, et c’est parti, le voilà qui sonorise tout le quartier!
Nous prenons nos habitudes le soir à l’étage de ce bar : caïpirina et tapas. 
Les enfants louchent sur les échoppes, l’anniversaire d’Arthur et Anna est proche, et ils se choisissent chacun un cadeau brésilien :
Les garçons se font faire un t-shirt par un artiste local de peinture aérosol qui fait l’attraction!L’artiste affiche sa célébrité : il est passé à la télé. C’est vrai que c’est bluffant, en 1mn, il décore un t-shirt sur mesure : un cadeau unique et sympa!
Les garçons sont ravis du résultat! Anna choisit une marionnette en papier mâché, et a très hâte de pouvoir jouer avec.. mais pas avant encore 3 semaines!
Loïc et moi optons pour des Hawaïanas toutes neuves, de fabrication locale bien sûr!!
Et ca y est, les vivres sont rangés, le bateau propre, les devoirs du CNED tous envoyés, nous larguons les amarres et quittons le Brésil sans trop de regret, car les eaux turquoises des Caraïbes nous tendent les bras.
Il nous tarde de retrouver l’ambiance des îles, les sports nautiques, la plage et les alizés.

A la sortie du port, nous saluons les jangadas, ces pirogues locales à voile.

Il faut ouvrir l’oeil, il y en a beaucoup, ainsi que des bouées de casiers ou de filets. Un groupe de dauphins vient nous saluer, c’est toujours un bon présage!

 
  1. Marc says:

    J’espère que tu vas nous écrire un joli livre … Bon vent pour le retour … ne vous pressez pas trop, c’est l’hiver en France !!!

  2. Philippe Barouch says:

    Toujours un plaisir de vous lire: Avec vos 2 « versions » de votre voyage, c’est mon blog -de loin- préféré.

    Mon Outremer 51 « Ensemble » sera mis à l’eau en Octobre 2018 et nous partirons très rapidement pour un hiver Caribéen puis de retour en France pour un projet de Voile Solidaire en 2019 – 2020.

    Quels sont vos plans après votre retour ? Je serai ravi d’avoir un feed-back sur votre Outremer, sur les options et astuces que vous avez choisies, sur celles que vous auriez aimé prendre, le plan de voilure, etc …

    Je suis un ancien pilote de Brit Air et si vous le voulez, je serai ravi d’échanger tout cela en mp .

    Bons Vents pour vous et Bravo !!

  3. Yann Malaud says:

    Merci les amis de nous faire vivre votre voyage de rêve viabce blog. Ne vous pressez pas pour rentrer, en France il fait froid. En espérant vous revoir bientôt. Amitiés. Yann Malaud

    • Bénédicte says:

      Merci à toi l’écrivain😉. A bientôt, cet été peut être en Bretagne?!

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