Ma petite bibliothèque de l’Océan Indien

Après vous avoir livré ma petite bibliothèque du Pacifique, voici en détail ma petite bibliothèque de l’Indien : mes coups de coeurs lus à bord entre Bali et l’Afrique du sud, inspirés par nos escales, mais aussi par notre voyage. Elle est forcément plus réduite que celle de l’Océan Pacifique, car nous n’y avons passé que 6 mois, et que les escales recelaient moins de librairies bien fournies, sauf en fin de séjour, où je me suis régalée à l’ile Maurice et à la Réunion. A Maurice, les amies du « book club » que je fréquentais lorsque j’y habitais m’ont toutes offert leur meilleures lectures de l’année : merci Claire, Valérie, et Gwen. A la Réunion, la librairie Autrement de St-Pierre m’a vu souvent fureter dans ses rayonnages merveilleusement fournis.

Chagos :

L’an prochain à Diego Garcia, de Jean-Claude de l’Estrac,

L’ancien ministre et journaliste mauricien rend leur dignité aux Chagossiens en relatant l’histoire de ce peuple déraciné. Lors de l’Indépendance de l’île Maurice, en 1968, les Chagos, petites îles de l’Océan Indien, sont détachés de Maurice et rattachés directement à la couronne britannique : les américains ont des vues sur l’atoll de Diego Garcia pour en faire une base militaire. 15 ans plus tard, les Chagossiens sont expulsés de Salomon Islands, Peros Banhos, et Diego Garcia : les américains s’installent à Diego, sur ce qui deviendra la plus grosse base nucléaire américaine hors territoire étasunien.
Le récit est journalistique, factuel, très précis quand aux tractions diplomatiques entre britanniques et américains. Il est aussi émouvant car relatant la vie dans ces îles et le vain combat des chagossiens pour récupérer leur terre. Ce livre nous a permis de vivre autrement notre séjour aux Chagos, dans un esprit de mémoire aux chagossiens dont 2 atolls sont devenus réserves naturelles, prétexte bien pratique pour y réguler les visites de bateaux et empêcher un repeuplement de ces îles aujourd’hui désertes.

Maurice :

Les Chasseurs épices, de Daniel Vaxelaire

La truculente histoire de Pierre Poivre, chasseur d’épices pour le compte du roi de France, au XVIIIème siècle. Sa mission, de toute une vie : aller voler aux hollandais des Moluques muscade et girofliers, et y acclimater à l’ile Maurice les épices qui ont rendus riches la Compagnie des Indes. Un récit historique, documenté et passionnant, qui se lit comme un roman! On y croise tout plein de personnages historiques de renom tels que Mahé de Labourdonnais, Dupleix, Bernardin de St-Pierre etc…. sans compter sa jeune et ravissante épouse, Françoise, parfaite alliée diplomatique.

Les 75 ans du Yacht club de Grand Baie, de Pipo Lenoir

Offert et dédicacé par son auteur, l’actuel manager  et ancien Commodore du Yacht Club.  Pipo rend hommage au club, qui fut un des hauts lieux de sa jeunesse et de la voile dans l’Océan Indien. Beaucoup de photos anciennes illustrent l’ouvrage, dévoilant la beauté du site à ses premiers jours, et le rôle de ses fondateurs, tous voileux passionnés.

Les rochers de Poudre d’Or, de Natacha Appanah :

Un roman lumineux et poignant sur le voyage et la vie de ces travailleurs engagés indiens, qui quittèrent leurs terres de pauvreté de la péninsule pour vivre et travailler à l’île Maurice au 19è siècle. L’immense majorité ne reverra jamais son pays d’origine, et fera souche à Maurice. L’auteur est particulièrement douée pour faire revivre les sentiments des déracinés pendant leur long voyage en mer et la rencontre entre esclaves noirs et travailleurs indiens, dans ce village de Poudre d’Or, sur la côte Est de l’île Maurice, où les destinées vont se croiser et les vies se mêler. Du même auteur, je recommande également Blue Bay Palace, roman d’amour dans le Maurice actuel, entre deux jeunes gens de milieux sociaux et culturels que tout oppose  : leur passion survivra-t-elle à la différence?

et pour les enfants :

 

L’histoire de l’île maurice en BD et en 4 tomes, de Shenaz Patel et Jocelyn Chanlow, illustré par Laval NG et Christophe Carmona :

un très classique récit historique.

 

L’île Maurice racontée à mes petits-enfants, de Jean-Claude de l’Estrac

Moins classique,  le célèbre journaliste et ancien ministre  prend le biais du métissage et du « vivre ensemble » pour retracer l’histoire du peuple mauricien. Plus qu’un récit historique, c’est un message de tolérance, parfait antidote aux préjugés racistes de tout bord. L’illustration est très belle, dans un style coloré, contrasté et plein d’émotion.

La série des Tikoulous,

Incontournable pour les petits, avec ses illustrations naïves et colorées, on adore suivre les aventures de Tikoulou, qui nous fait toujours découvrir un pan de la société mauricienne actuelle.

Réunion :

Daniel Vaxelaire : Chasseurs de noirs

L’auteur relate un passage terrifiant et sanglant de l’histoire de la Réunion : la traque impitoyable d’esclaves « marrons », enfuis de chez leurs maîtres maltraitants, et réfugiés dans les cirques et montagnes reculées de l’île. L’auteur excelle à transformer un récit historique en roman poignant, aux parfums d’une île à la nature et la géographie uniques.

Le piton de la Fournaise expliqué aux enfants 

Tout ce que vous vouliez savoir sur le volcanisme, et en particulier sur le phénomène volcanique réunionnais. Il réussit le pari d’un ouvrage à la fois généraliste, tout en prenant illustration sur le Piton de la Fournaise, avec des très belles images locales. Bravo à cette maison d’édition régionale, dont je recommande également le compact petit guide « la Réunion : 152 randonnées », parfait aussi bien pour les touristes de passage que pour les réunionnais

Requin lé là, de Gaston

A la Réunion, le drame de la crise requin a bouleversé les équilibres :  depuis 2006, les requins ont fait des morts, des mutilés, et ont touché une population entière à qui on a fini par confisquer la mer. Une BD instructive, non-polémique, drôle, bourrée de chiffres, de faits, et de données scientifiques. Un ouvrage vraiment intelligent, qui pose les bonnes questions, ne donne pas toutes les réponses, mais permet d’ouvrir le débat, et donne de nombreuses pistes d’exploration.

Récits de voyage et écrits maritimes:

Histoires de la Mer, de Jacques Attali

Passionnant et érudit, Jacques Attali regarde la mer avec un biais particulier, celui de relire l’Histoire de l’humanité par son prisme. Notre monde et ses différentes civilisations ont été façonnée par notre rapport à la mer : des première cités construites sur ses rivages, aux guerres qui se sont toutes perdues ou gagnées sur les mers, aux poids des grandes puissances de l’histoire du monde qu’il relie à leur force maritime , sa théorie est intéressante, et sa relecture de l’histoire fort instructive. En particulier les derniers chapitres, inspirants, qui nous mettent au défi d’une mondialisation respectueuse de ses océans qui la nourrissent.

Surfer la vie, de Joël de Rosnay,

Le spécialiste de prospective, nous offre un étonnant essai  : il s’appuie sur la métaphore du surf pour inventer un nouveau style de vie, apte à affronter le monde actuel : la société fluide. A travers les arts, la science, la santé, l’environnement, l’énergie, il explore comment le surf et son mode de vie, peuvent nous aider à vivre la société changeante, rapide, évolutive, technique. C’est aussi une ode incroyablement positive et inspirante à la jeunesse, à la technologie, et à l’écologie, bourrée d’exemples et d’idées concrètes, optimiste sur l’avenir des hommes et de la planète : ce qui nous change de la morosité ambiante!
Pour la petite histoire, Joël de Rosnay est d’origine mauricienne, pionnier du surf en France, frère du planchiste disparu Arnaud de Rosnay , et papa de l’écrivain à succès Tatiana de Rosnay.

Sur les chemins noirs, de Sylvain Tesson :

Rien à voir ici avec la mer, mais avec le récit de voyage, oui! Sylvain Tesson est un écrivain-voyageur, géographe et alpiniste, que je lis avec un immense plaisir à chaque sortie de ses livres, depuis son surprenant recueil de nouvelles publié en 2010 « Une vie à coucher dehors ». Il signe là son nouveau livre après un terrible accident qui le cloua au lit des mois : pour conjurer le sort et re-vivre, il traverse la France à pieds « par les chemins noirs », l’occasion d’introspection, mais aussi d’une ode à la france tranquille, au terroir, au territoire, au paysage, à la lenteur, au silence, et à une manière de voyager « slow-life ».
Depuis quelques semaines, nous sommes de retour dans l’Océan Atlantique, via le Brésil, les Antilles, les Bahamas, les Bermudes et les Acores, l’occasion encore de m’inspirer de bien belles lectures! A très bientôt pour un dernier volet de ma Bibliothèque Atlantique.
  1. Valérie says:

    je suis contente que tu aies pris le temps de lire le dernier Tesson. Son style est très poétique et particulièrement émouvant. J’apprécie aussi qu’il loue les vertus de prendre son temps en arpentant des chemins oubliés pour une introspection et un travail de mémoire salvateur ! J’ai au programme la lecture du livre de JC de L’Estrac sur Diego Garcia. Aujourd’hui Fête Nat à Maurice et 50 ans d’indépendance. Aujourd’hui Fête Nat à Maurice et 50 ans d’indépendance. Un jour plein d’amertume pour eux sans doute.
    Puisque vous voguez vers les USA, je te conseille « Le gang des rêves » de Luca di Fulcio, ou le rêve américain vu par un jeune homme d’origine italienne au début du XXième siècle. 900 pages qu’il est impossible de lâcher. Grosses bises

    • Valérie says:

      j’ai mangé un bout de mon texte : J’ai au programme la lecture du livre de JC de l’Estrac sur Diego Garcia. Vous avez pu mettre des mots sur les maux dont souffrent encore les Chagossiens. Aujourd’hui Fête Nat à Maurice et 50 ans d’indépendance. Un jour plein d’amertume pour eux sans doute

  2. jeanfrançois says:

    merci pour tes bons conseils de lecture. C’est étonnant parce qu’en rade de Brest dans les années 60 , un certain Charles de Gaulle, comme au Chagos , a expulsé un village pour fabriquer… la base des sous marins de l’île longue ! ( personne n’en parle trop) Small world.

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