Archipel mythique, aujourd’hui rattaché à l’Equateur, les Galapagos sont un jalon important de notre tour du monde : d’abord parceque idéalement situé à 1/3 du chemin entre Panama e mes marquises, ils offrent une escale intéressante, permettant de réaliser la traversée du pacifique en 2 étape de 5 jours et 15 jours, plutôt qu’en une seule de 3 semaines. Je rêvais d’observer par moi même l’extraordianaire diversité de sa faune marine, et de fouler la terre volcanique aux paysages torturés qui a servi de catalyseur à Darwin dans l’élaboration de sa théorie de l’évolution.
D’ailleurs, pendant les jours qui précèdent notre arrivée, je lis quelques passages choisis du récit que Darwin a fait de son voyage autour du monde sur le Beagle, et notamment bien sûr , sur son escale désormais célèbre aux Galapagos. Jeune naturaliste débutant à l’époque, il a réalisé que les pinsons de cet archipel (mais aussi les iguanes, les tortues terrestres…)avaient tous développé des caractéristiques physiques différentes suivant leur ile d’attache, leur corps s’étant modifié pour s’adapter au mieux à leur environnement. A époque l’idée est plus que révolutionnaire, elle est hérétique!
Depuis les années 50, l’Archipel autrefois désert et sans population autochtone, est devenu un haut lieu touristique, pour les riches américains essentiellement, venus passer 2 semaines sur des paquebots de luxe; backpachers et voiliers de passage sont par le fait de moins en moins les bienvenus dans cette course au dollar qu’est devenu le « tourisme à la Darwin ».
Les première ligne de paysage se dessinent, relief volcanique, plages de sable immaculé, roches basaltiques, végétation luxuriante…
Notre première étape est l’île de San Cristobal, à peine 2 000 habitants, mais le véritable centre administratif du pays.
Notre première impression est plutôt bonne : un petit port de pêche, quelques bateaux de tourisme, une jolie petite plage familiale, 2 spots de surf encadrant la baie, et des otaries par milliers : whaou!
Car Puerto Baquerizo est littéralement colonisé par les otaries, qui sont incontournables dans la baie, et certainement dix fois plus nombreuses que ses habitants humains!
Des les premiers pas à terre, nous les voyons envahir le front de mer : escaliers, bancs publics, trottoirs, elles sont partout, sauf sur la route…
et en fin de journée, la plage est noire de monde…., nous passons une bonne heure à les observer.
De retour à bord, et malgré les pare-battage mis en place pour empêcher les otaries de monter à bord, nos jupes arrières sont occupées… pour la nuit…en fait pour la semaine,
mais seulement aux heures nocturnes…. à tribord, maman et bébé, qui tête la nuit dans un bruit de succion étonnant… et à bâbord un gros mâle qui défend son territoire à grands coup de gueulantes sur les plus faibles.
Sans compter les quelques jeunes blagueurs qui tentent de monter directement dans le cockpit depuis le côté et que nous devons déloger en nous levant en pleine nuit-faute de quoi nous retrouverions notre cockpit colonisé le lendemain par ue horde de bestioles aux odeurs de poisson. Car les otaries, c’est mignon à regarder, mais ca sent aussi fort qu’un cheval qui reviendrait d’une journée dans une poissonnerie.
Le lendemain, sur les conseils d’un autre bateau arrivé avant nous, nous partons pour un tour de l’île en taxi : ce sera notre première et dernière tentative de « visite touristique ». La visite est calibrée, minutée, les sites d’intérêt immuables et faits toujours dans le même ordre par tout le monde! Cela dit, les sites visités sont intéressants.
El ceibo : visite du plus vieil arbre d’Equateur, 300 ans selon ses « inventeurs ». Au-delà de la visite de l’arbre, le lieu est passionnant car il est au coeur du site historique de la première tentative de colonisation de l’île à la fin du 19ème siècle, par un ingénieur allemand venu y cultiver de la canne à sucre.
A l’instar de plusieurs autres tentatives de colonisation de l’époque, l’histoire se terminera mal, dans un cruel bain de sang ; en effet, l’esclavage ayant été abolit, les colons de cette époque n’avaient pas trouvé mieux que d’importer de la main-d’œuvre pas cher : bagnards et autres repris de justice furent recrutés, qui avaient de méthodes de règlement de compte on ne peut plus expéditives….
De manière générales, l’histoire des Galapagos est que ruines, tragédies en tous genres, naufrages, bains de sang et prisons infâmes. Il faudra les années 50 et le début de l’activité touristique pour cet archipel se trouve une voie de rédemption et de développement plus noble;
El Junco, ancien cratère devenu lac, où le frégates tournent.. une jolie balade en pleine nature, la vue est grandiose.
La Galapaguera, centre d’élevage de tortues : en effet, le taux de fécondité « naturel » n’est plus suffisant aux tortues terrestres de l’archipel pour se reproduire et maintenir un nombre suffisant d’individus. Pour pallier à cela, les autorités du Parc National ont mis en place dans les 3 îles principales des centres de reproduction où les oeufs pondus sont ponctionnés dans les sites naturel, mis en incubation, puis traités afin de permettre suffisamment de naissances. Les jeunes tortues restent 5 à 6 ans dans les centres avant d’y être relâchées dans la réserve naturelle, à un âge où leur subsistance ne pose plus de problème.
Stop déjeuner dans l’unique restaurant de la zone, un délicieux ceviche, la spécialité locale partagée avec toute la côte ouest de l’Amérique du sud : du poisson cru mariné dans du jus de citrons, avec de la coriandre, quelques tomates, des oignons doux et servi avec des chips de banane plantain et des frites de yucca : un régal!! Je profite de cette escale dans la ferme/auberge pour montrer aux enfants comment poussent fruits et fleurs tropicales.
Nous terminons la balade par la plage de Puerto Chino ,après 15mnn de marche dans un paysage semi-désertique, et nous retrouvons comme seuls aux monde sur cette plage, avec pour seule compagnie un couple maman-bébé d’otaries, très touchants. Nous nous baignons dans les rouleaux, la mer est fraiche, le soleil cuisant, la brume de mer pas loin, quel drôle de climat.
Une belle journée, intéressante, mais qui nous laisse cependant un goût d’amertume : nous nous rendons compte du profond décalage entre ce tourisme formaté et nos aspirations de grand voyage, qui ne peuvent s’accommoder d’être trimballés de site en site , montre en main, par un taxi, pour à la fin de la journée avoir coché toutes les cases : « done that, been there… », et se voie réclamer un supplément de 10 USD pour avoir dépassé le temps imparti… c’est la course au dollar dans un pays pauvre, et l’on sent que le touriste n’est vu que comme une source de revenus, pas plus. Il nous manque ce supplément d’âme, qui vient aussi du fait que la population locale est peu – voir pas du tout – sensibilisée aux enjeux globaux écologiques et de protection de la nature.
Il faut dire que le pays ne manque pas de contradiction :
- un tri sélectifs obligatoire, mais pas de poubelle de tri à terre pour les déposer
- une volonté affichée d’écotourisme « vert », mais un manque total de sensibilisation des touristes – ou de la population- à ce sujet. Très peu de sites accessibles sans être accompagné d’un guide officiel, peu de panneaux d’information notamment sur la réglementation du parc national et ou sur les animaux rencontrés et la manière de les aborder en respectant leur environnement
- des contraintes de respect de l’environnement imposées aux voiliers de passages inapplicables (interdiction d’utiliser son annexe, réservoir d’eaux noires obligatoire, – et pas appliquées du tout par les gros yachts transportants des dizaines de touristes à la cabine, qui déversent leurs eaux noires à la sortie du port, et offrent un ballet incessant de gros semi-rigides transportants leurs passagers/avitaillement à terre)
Nous ne nous laisserons plus prendre et découvrirons le reste des Galapagos à notre rythme et hors des circuits organisés – ce qui s’avère être un sacré challenge sachant que de nombreux sites sont interdits sans que l’on soit accompagné d’un guide officiel du parc Naturel, et que les annexes sont elle aussi interdites dans les sites naturels….
Le lendemain après midi, avec toute une bande d’amis de 3 bateaux, nos partons sur un super spot de surf : pour le coup, la « case nautique » de Moby est mise à contribution : 2 SUP de surf, un longboard, un skim et un bodyboard,
2mn de bateau-taxi, 10 mn de taxi 4×4, et 15 mn de marche seront nécessaire, et nous y voilà!
C’est notre premier contact avec les iguanes marins, qui ont des têtes et des corps impressionnants, très foncés de couleur, couverts d’écailles et d‘épines, avec un air patibulaire…. cependant, ils sont complètement inoffensifs puisque végétariens, et se nourrissant exclusivement d’algues : ils n’y a aucun risque de se faire croquer le pied! Ils sont en plus très lents, vraiment aucun risque donc!
Dimanche, c’est notre dernier jours à San Cristobal, et comme de nombreux locaux, nous partons faire ce qui semble être la balade dominicale traditionnelle. Première étape, le «centre d’interprétation« des Galapagos, sorte de musée expliquant les particularités géologiques et, naturels et de peuplement de l’archipel.
Un sentier de 4km suit dans les terres afin de rejoindre une petite baie où le snorkeling est parait-il joli. Nous y croiserons une otarie et quelques gros poissons perroquets.
La chaleur est accablante, avec ce soleil équatorial et la mer terriblement rafraîchissante avec ses 22°. Le retour se fait par une jolie plage fréquentée par les habitants… et des otaries bien sûr.
Encore quelques centaines de mètre, et nous abordons une dernière petite plage, très fréquentée, et bordée par des vendeurs de brochettes et de glace : récompense suprême, une glace pour tout le monde, les enfants ne l’ont pas volée, ils ont vaillamment marché sous le cagnard.
Nous découvrons les glaces locale aux saveurs équatoriennes : coco, frutilla (fraise), manzanilla (???!!), pina (ananas) Mora ( mûre) : tout pousse dans ce pays!
Le soleil se couche, les pélicans se posent pour la nuit, et nous rentrons à bord de Moby
Warin family says:
Très beau récit ! Vous avez dû bcp apprendre avec les enfants en sciences, histoire … C est Top ! Tu nous manques à plougonvelin
Bénédicte says:
Vous aussi vous nous manquez! Les enfants parlent souvent de leur école, de leurs copains… C’est l’été qui arrive chez vous, profitez bien de la plage. De gros bisous à tous les copains et copines de PLougonvelin.
MAGUEREZ FRANCOIS says:
Génial a lire !
magnifique narration , on a qu une envie …..en avoir plus
bises de France
FanchMag
laeti says:
Un grand merci pour ce récit détaillé..quel plaisir de vous lire.