Nous arrivons en vue de l’île de la Réunion en fin de matinée, après une journée et 2 nuits en mer. L’île est coiffée de son habituel petit nuage, aussi n’apercevons-nous pas ses hautes montagnes : et pourtant elle culmine avec son Piton des neiges à plus de 3071m!
Laetitia me prête son guide de randonnées :Nos deux vacanciers vont partir en amoureux 3 jours faire le tour du cirque de Mafate, en dormant le soir dans des gites et chambres d’hôtes. De notre côté, nous n’avons encore rien organisé, et attendons de savoir où nous pourrons laisser le bateau quelques jours.
Il nous tarde de faire découvrir cette belle ile tropicale et montagnarde aux enfants. Ils ont pris goût aux randonnées depuis que nous sommes partis en grand voyage, et je sens que nous allons nous régaler sur ce magnifique terrain jeu. Il y a une quinzaine d’année, Loïc et moi avions effectué le tour des cirques de Salarie, Mafate et Cilaos à pied, en terminant par le Piton des Neiges : une randonnée de 6 jours et de 5 nuits en gite. Nous en gardons un magnifique souvenir, de paysages, de végétation variée, tropicale et montagnarde, d’une île accueillante à la gastronomie unique, mélange de cuisines créole, chinoise, indiennes, tropicale et française.
En mer, nous longeons des ouvrages d’art impressionnants : la nouvelle route du littoral, en construction, est posée sur des piliers ancrés dans la mer.
Nous arrivons pour les formalités au Port des Galets, seule » marina » de l’île, qui dispose par ailleurs de petits ports. L’inconvénient est que Port des Galets est isolé, et offre peu de service. Nous espérons n’y rester que le temps des formalités, qui ne peuvent se faire que demain matin.
Le soleil se couche sur les remparts de île, et nous nous réjouissons d’une bonne nuit de sommeil au quai.
Le lendemain, une fois les gendarmes et douaniers passés, nous appareillons pour St-Pierre, seconde ville du pays, offrant un petit port animé et touristique. Nous n’avons pas de place réservée-il n’y en a d’ailleurs pas pour les catamarans comme le notre, mais nous voulons tout de même tenter notre chance. Nous savons que l’un des catas qui y réside à l’année, Moukataï est à l’île Maurice, (nous y avions rencontré ses propriétaires à Grand Baie, Nicole et Jean-Louis) et pensons lui emprunter sa place….. Alors, HOP, une Bourbon bien fraiche à midi, et nous appareillons, sans avoir encore mis pied à terre.
La côte défile, changeante, les ponts, tunnels et viaducs sont impressionnants pas leur variété et leur quantité! Nous longeons St-Paul, Boucan-Canot,où nous retrouvons sans peine la maison où habitaient nos amis Philippe et Valérie lors de leurs séjour de 3 ans à la Réunion. A l’époque, ils avaient accès à la plage et à un chouette spot de surf.
Plus loin, la petite ville balnéaire de St-Gilles,
Depuis, la « crise requin » est passée par là, et les plages non protégées par un lagon sont désertes. Certains spots de surf restent tout de même fréquentés, mais l’île se tourne résolument vers la terre et les montagnes.
A juste titre ailleurs, car ses terres sont fascinantes, d’une grande diversité, et accessibles à tous les niveaux : balades familiales, randonnées de plusieurs jours avec nuits en gite, crapahute sportive au volcan, trail et ultra-trail avec le Grand Raid (plus connu sous le nom de Diagonale des Fous ).
Sous le pont, l’opération « otage de fils est en cours ». Rappelez-vous, dans l’épisode 1-Mascareignes, Anna s’ouvrait le menton à Grand Baie! Anna a préféré que cela soit maman qui les retire (pour moi c’est une première!), plutôt que d’attendre ce soir de voir une infirmière. Opération laborieuse, car il y a de l’appréhension de part et d’autre-Heureusement que j’ai pu réviser mon tutoriel YOUTUBE! 8 fils à enlever, plein de croute, ca n’est pas si facile que ça, d’autant qu’il y a un peu de houle. Mais Anna est bien courageuse, se tient tranquille, et Laetitia, sa marraine, coache, rassure, et lui tient les mains. En 20 mn c’est fini, voilà un menton tout neuf, qui va pouvoir aller barboter dans l’eau du lagon.
Les filles se relaxent à l’avant : séance de manucure-pédicure : nos pieds le méritent bien d’autant qu’ils vont souffrir très bientôt dans les chaussures de randonnées!
Plus loin sur la côte, les vestiges de coulées de lave anciennes déversées dans la mer, créant des « souffleurs », trous par lesquels s’engouffre la houle qui vaporise et canalise l’eau en hauteur.
Puis l’étang du Gol, et ses plages de sable noir.
Nous arrivons enfin en vue de St-Pierre.
Arnaud est ému : c’est ici qu’il a vécu une partie de son enfance, sur les hauteurs de St-Pierre, à la ville du Tampon. C’est la première fois qu’il revient à la Réunion depuis, l’occasion de vacances en forme de « pèlerinage ».
St-Pierre, avec sa plage, très fréquentée en ce beau dimanche,
son minaret, sa pagode chinoise, ses églises
ce qui augure de la diversité des cultures réunionnaises.
Quelques surfeurs sont à l’eau, bravant les interdits préfectoraux.
Une vedette SNSM nous salue : elle quitte le Port où se déroule les festivités des 50 ans de la station de sauvetage.
Nous nous faufilons dans le port, la passe est étroite, mais aisément praticable aujourd’hui : par plus de 2m de houle, s’abstenir! Nous prenons la place de Moukataï, et descendons à terre fêter notre arrivée.Chaque arrivée est un plaisir, celui de la découverte d’un nouveau lieu, vierge d’habitudes : ce sont des sensations d’autant plus délicieuses à savourer que ça n’arrive qu’une fois!.
C’est dimanche, il y a du monde sur la plage de St-Pierre.
La fête de la SNSM est terminée.
Un nouveau bas à cocktail a ouvert il y a quelques jours, sur un ponton flottant : allons l’essayer!
Le lendemain matin, Arnaud a fait le tour les boulangerie et vous rapporte ce qu’il y a de meilleur!
Puis les amoureux partent pour une virée de 48h : d’abord au Tampon : Il y retrouve son ancienne maison,son école, son collège!
Puis ils partent direction Grand Bassin, pour 24h de plein air : on atteint le lac et ses cascades en descendant au fond d’une vallée très encaissée. En 2h de marche, les voilà « dans les hauts » de la Réunion, isolés, et dormant chez l’habitant. Au réveil, le village est charmant, très fleuri, et la cascade ruisselante toujours aussi pleine de charme. Les habitants sont ravitaillés par les airs, ou par une tyrolienne qui livre les courses.
La remontée, très raide de 2h est éprouvante, mais ca valait le détour!
Ensuite, ils ont prévu 3 jours de randonnées dans le cirque de Mafate. Nous les rejoindrons pour 24h à Cilaos, leur point de départ.
Entre temps, nous avons exploré rapidement St-Pierre, abattu un peu d’école, rangé et nettoyé Moby, loué une voiture pour 10 jours, préparé les sacs à dos, fait quelques courses pour compléter notre équipement de randonnée au Décathlon de St-Pierre, et c’est parti!
Nous rejoignons ce soir Arnaud et Laetitia à Cilaos, village d’altitude perché à plus de 1200m dans le cirque éponyme,
La route de Cilaos, dite « aux 400 virages » (pour 32km) est une vraie route de montagne, escarpée, étroite, sinueuse que je négocie parfois péniblement avec la pesante berline manuelle et sous-motorisée que j’ai pu trouver à louer- en pleines vacances scolaires, c’était la pénurie. Alors je compose et grimpe l’essentiel en première!
Nous retrouvons nos amis avec plaisir et passons une soirée fort dépaysante à l’hôtel des Neiges de Cilaos, dans des chambres lambrissées, couettes chaudes, ambiance montagnarde garantie, avec feu de bois et rhum arrangé. En 2 heures de route, nous sommes transportés des langueurs du littoral tropical dans un autre monde, celui de la haute montagne.
Le matin, après un vrai petit dèj d’hôtel bien roboratif, nous nous scindons en 2 groupes : Arnaud, Laeti, Loïc, Arthur et Victor partent les premiers, et traversent Cilaos pour rallier le col du Taïbit, une marche ambitieuse de 7h. Anna et moi les rejoindrons d’ici 2-3h un peu plus haut en passant par la route. Nous profitons de la piscine de l’hôtel et flanons dans le village. Ils verrons une belle cascade à Bras-Rouge.
Nous les rejoignons à Ilet Bleu, et c’est parti pour l’ascension du Taïbit!
Nous faisons un premier stop à îlet des Salazes, près d‘une charmante tisanerie. Un petit cheminement à travers les plantes explique leurs cultures. Nous pic-niquons,
nous abreuvons,
observons un petit Tenrec
et repartons vers les hauts! Le chemin est très fleuri, et tapissé de fraises des bois. Nous traversons une allée de Tamarins de hauts, ces arbres endémiques de la Réunion, souvent vêtus de lichens,et à l’acore si spécifique : spongieuse et molle, un peu comme du liège.
Voilà Cilaos au fond!
le paysage change, arbres nus et lichens donnent un air lugubre aux lieux…
Les garçons ont pris de l’avance, et sont déjà en haut, après 5 heures de marche, bravo!
Anna peine un peu plus bas, nous faisons demi-tour à 20mn du but : il est déjà 15h, les nuages ont gagné les hauts, la nuit tombe dans 3h, et il nous faudra au moins 2h pour redescendre jusqu’à la voiture. Je pense aussi à l’heure de route en voiture jusqu’au littoral, et mes 400 virages que je préfèrerais négocier de jour.
Pendant que nous rebroussons chemin, Arnaud et Laeti franchissent le col du Taïbit et descendent vers Mafate, direction le village de Marla qu’ils atteindront dans une heure. Ils vont rester encore 48h dans ce havre de pays qu’est le cirque de Mafate, accessible seulement à pied, 6h de marche au minimum…. Le beau temps les cueille le lendemain et leur permet d’explorer le cirque sous son meilleur jour.
Les cascades et chutes des 3 ruches, près de la Rivière des galets.
Puis le village de La Nouvelle,
De retour au port de St-Pierre, nous explorons le littoral : la plage, est très fréquentée, même en semaine, comme ce matin avec les collégiens qui prennent un cours de natation. La plage est bordée un sentier piéton fort agréable, ombragé,
et semé de nombreuses petites chopes où l’on mange bien pour pas très cher : ce que l’on préfère, ce sont les dim-sum, ces bevapeurs chinois au porc ou au poulet.
Et en dessert, le merveilleux glacier italien Amarino propose ces créations en forme de fleurs, aux sorbets d’une intensité, hmmmm.
Dans l’après-midi, nous faisons route vers St-Joseph à l’Est, et remontons le lit de la Rivière Langevin, cours d’eau connu pour ses cascades, et fréquenté par les amateurs de canyoning : finalement nous arrêtons à Grand galet, plutôt qu’à Trou Noir, tout aussi joli mais plus facile d’accès. Peu tentés par la baignade, car elle est très fraiche, nous passons quelques minutes à savourer le cadre enchanteur, nous explorons les berges, les enfants lancent des feuilles et suivent leur parcours dans les chutes.
Ce soir, tout le monde savoure notre création dessert « trilogie des mascareignes » :
un volcan de chantilly d’Ysigny à la vanille de Madagascar, saupoudré de muscovado brun de l’île Maurice, et agrémenté de fraise de la Réunion.
Ce soir, Arnaud et Laetitia passent la nuit à la Nouvelle dans un ravissant gite en peine nature, cernés par les chèvres, et repartent le lendemain matin par où ils sont arrivés, via le col du Taïbit puis Cilaos. En chemin, ils quittent La Nouvelle sous un ciel toujours aussi bleu, et empruntent le sentier de la la plaine des tamarins, tellement emblématique de la Réunion et font un détour par la passerelle Ethève pour se rafraîchir.
En nous réveillant ce matin sur Moby, nous avions le même ciel bien bleu, parfaitement dégagé, avec une vue imprenable sur les remparts du Dimitile et le Piton des Neiges.
L’école a repris ce matin sur Moby, intensément, mais pour une courte durée, car demain c’est le grand jour, nous marchons au volcan.
Le Piton de la Fournaise est un des volcans les plus actifs de la planète, il « éructe » 3 à 4 fois par ans, de la lave uniquement, effusive, fluide, et donc sans danger.
Il faut se lever très tôt pour être sûr d’avoir une belle vue, et pour gagner du temps, nous dormons dans les hauts, à la Plaine des Caffres, rejoints par Arnaud et Laetitia qui ont quitté Cilaos en début d’après-midi .
Nos chalets de bois surplombent un haras, le cadre est bucolique à souhait,
et les grillades de viande locale proposées par le chef délicieuses.
Au coucher du soleil, la lune fait son apparition, elle est pleine ce soir, et nous accompagnera demain matin, car le réveil sera matinal…..
le réveil sonne à 4h45; à 5h30 nous sommes en route, c’est parti pour la plaine des sables… Incroyable, il fait déjà jour!
à 6h, nous sommes arrivés à la plaine des sables, l’antichambre du Volcan.Le paysage est lunaire; c’est vraiment spectaculaire.
Nous en profitons pour faire un rapide stop petit-dèj; et c’est reparti pour 30mn de route en lacet et de grandes étendues de sable noir.
à 6h30, nous sommes au parking du pas de Bellecombe, qui surplombe du haut de ses remparts de 150m, l’enclos Fouqué, nom de la caldeira en forme de fer à cheval que nous observons.
Nous partons pour le cratère Dolomieu, une randonnée de 6 heures, 11km et « seulement « 530m de dénivelé, mais sur un terrain particulièrement difficile de lave, scories, fissures, qui mettront nos genoux et chevilles à rude épreuve.
La marche commence par une descente de150m en escalier le long des remparts de l’enclos Fouqué.
en face de nous, le cratère Dolomieu, qui culmine à 2522m.
et en contrebas, le Formica Léo, un petit cone strombolien de couleur ocre.
Nous voilà debout sur le formica Léo!Pas facile car ses pentes sont composées de ratons, de la lave en scories.
Mais nous n’en sommes qu’au début de la marche.
Nous observons de la lave « cordée »
Puis nous arrivons à la Chapelle Rosemont, sort de grotte naturelle formée lors d’un dégazage
Délicate attention, un message gravé en créole dans la pierre : « c’est fait pour prier, pas pour pisser »
Nous sommes en effet stupéfaits de voir le nombre de morceaux de papier par terre, tout au long de la rando, de marcheurs qui laissent leurs déchets derrière eux.
De la lave en graton
Nous observons émerveillés toutes sortes de laves aux couleurs, textures toutes différentes.
Les nuages commencent arriver dans l’enclos, il faut nous dépêcher.
Nous augmentons le pas et nous séparons en 2 groupes : les plus rapides, Victor et Arnaud en tête, suivis de Loïc, Laetitia et Arthur, puis Anna et moi derrière.
un petit tunnel de lave effondré.Et voilà, après 3 bonnes heures d’effort, nous arrivons au sommet,
devant le cratère,
C’est grandiose de voir ce trou vivant, de fumerolles au fond, gigantesque cone effondré, en 2007, lors de la dernière grosse éruption. A chaque évènement éruption, le paysage volcanique change : un nouveau piton se forme, un autre s’effondre une fois sa chambre magmatique vide, formant ces immenses cratères ou caldeiras. On se sent tout petit….
C’est un bonheur simple mais intense que de comptempler un paysage gagné à la force des mollets.
9h30, c’est l’heure de la pause déjeuner-eh oui, le petit dèj est déjà 3h30 derrière nous!
le temps se voile, les nuages vont, viennent et disparaissent comme ils sont apparus.
Puis soudain ca se bouche complètement,
le temps se refroidit vite, il pleut, et nous décidons de rentrer, après avoir passé une bonne demi-heure au sommet.
Nous y sommes après 2 heures, de retour dans l’enclos Fouqué, en bas du pas de Bellecombe.La fatigue, l’inattention me font trébucher, je chute, me rape le genou et me tors la cheville : c’est une entorse.La douleur est forte, mais sourde, je nous bénis d’avoir eu l’idée d’acheter des batons de marche; avec 2 batons, je vais pouvoir rentrer sans difficultés.
Le café que nous prenons au refuge est savouré. Nous prenons la route :
- 1h à travers le paysage lunaire de la plaine des sables,et du cratère Commerson,
- puis encore une heure de petite route pour descendre jusqu’au littoral. A l’arrière, tout le monde dort, heureux de sa journée. Nous avons été gâtés par le temps, qui nous a permis de marcher sous le soleil les 3/4 du temps, et de profiter de la vue au sommet.
Arnaud et Laetitia repartent demain pour la France.
Nicole et Jean-Louis, du catamaran Moukataï viennent saluer Arnaud, qu’ils ont connu enfant, à la Réunion, car ils étaient amis avec les parents d’Arnaud : que le monde est petit!
Comme beaucoup de réunionnais en ce dimanche midi ensoleillé, nous déjeunons de bouchons, piments farcis, samoussas….. et partons à la plage faire un petit snorkeling et nous dorer au soleil. Après quelques journées de marche intense, c’est bien mérité!
Nous amenons Arnaud et Laetitia au car qui les emportera vers St-Denis, l’aéroport : ils s’envolent pour Paris ce soir.
Ils vont nous manquer!
Mais notre séjours réunionnais ne s’arrête pas là. Nous sommes en attente d’une bonne fenêtre météo qui nous permettra de traverser le reste de l’Océan indien jusqu’en Afrique du sud. Les quelques jours à venir ne présentent pas de bonne opportunité, mais nous sommes très contents de prolonger notre séjour. Nous sommes bien installés à St-Pierre, continuons à profiter de la ville
et de la gastronomie locale : je copie la recette du thon au combava, goûté à Cilaos, accompagné d’achards, dont j’ai fait une grande provision!
- Citron confit/piment,
- ti-jac, ananas/piment,
- légumes variés,
- piment vert/combava,
- mangue/piment rouge
Nous avons encore quelque envies de randonnées. Le piton des Neiges semble fastidieux pour les enfants, et nécessiterait une nuit en refuge. Nous opterons pour une autre marche, un petit peu moins exigeante mais au point de vue encore plus spectaculaire que celui du Piton des Neiges : le Grand Bénare. C’est le second plus haut sommet de l’île après le Piton des Neiges : ce rempart surplombe d’un côté le Cirque de Cilaos, et de l’autre celui de Mafate, reliés par le Col du Taïbit.
Nous scrutons la météo, car il faut impérativement une matinée sans nuage pour profiter de la vue, le long du « Grand Bord » qui surplombe Mafate, et compose les 3/4 de ce difficile parcours.
Ca sera le mercredi 8 novembre. Nous mettons le réveil à 3h45. Nous sommes en route à 4h30, partis pour 2 bonnes heures de route…. sans embouteillage heureusement! Après un stop essence/café, encore quelques centaines de virages…. nous arrivons au Maïdo, point de départ de la marche. A 7h, nous nous mettons en marche, en 2 groupes : les garçons partent devant, direction le Grand Benare. Anna et moi qui sommes plus lentes (mon entorse ne m’empêche pas de marcher, mais je reste prudente…) n’irons pas jusqu’au sommet, mais allons profiter de la vue le long du grand bord qui est un sentier accidenté et difficile, et redescendrons par la Glacière via le chemin forestier, réputé plus facile.
Le ciel est limpide, quelle joie, c’est une belle journée, nous ne regrettons pas de nous être levés si tôt.
J’apprécie de marcher à notre rythme toutes les deux. Nous commençons par un stop p’tit dej, avec vue sur Mafate. C’est grandiose.
On distingue parfaitement les différents ilets, ces petits villages d’altitude, posés comme des ilots dans les cirques.
Nous savourons notre thé.
Devant nous l’îlet de la Nouvelle, au fond, celui de Marla et la Rivière des Galets
en contrebas, celui de Roche Plate, et à gauche Cayenne
Un peu de lecture pour Anna
Le sentier est parfois très escarpé, nous sommes prudentes et prenons notre temps : il ne s’agirait pas de se fouler la seconde cheville! Avec Anna, nous faisons des pauses de 3-4mn pas plus toutes les 20 à 30 mn : pour boire, manger un petit morceau. Plus les pauses-photo!
Encore 1h40 jusqu’au Grand Benare,
Nous bifurquons vers la Glacière, et rejoignons vite le sentier forestier. Nous visitons les lieux :
des cavités ont été creusées dans la roche, pour y conserver de la glace. Cette glace formée dans les bassins proches de là étaient stockée dans ces puits, puis transportée à dos d’homme pendant 60 km! Tout cela pour que la propriétaire puisse servir des sorbets à ses invités….
Pendant ce temps, les garçons ont fait vite, ils grimpent comme des cabris, et sont en haut du Grand Bénare!
La vue là-haut est spectaculaire : ils sont à l’aplomb du col du Taïbit, qu’ils ont franchi la semaine précédente.
A gauche, le Cirque de Mafate, et à droite, celui de Cilaos.
Ils redescendent comme nous, par la Glacière, et nous les retrouvons au parking du Maïdo vers 13h, après une marche de 6h, aux panoramas à couper le souffle.
La récompense : un stop au refuge du Maïdo, pour un petit café « péï » à la vanille, assorti d’un cake au géranium-une tuerie, spécialité familiale dont le patron ne voudra pas me dévoiler la recette….
Nous rentrons au bateau avec des kilomètres plein les gambettes et de belle images plein la tête. Arthur est super fier d’avoir gravi le second plus haut sommet de l’île, et surtout le point depuis lequel on a sans doute le plus beau panorama!
De retour sur Moby, nous découvrons le lendemain toute une équipe de BTP au travail, qui construit des ralentisseurs sur l’esplanade du port. Cela atténuera nous l’espérons les rodéos nocturnes de voitures et de motos… Les nuits à St-Pierre sont parfois agitées, rien de très méchant, mais c’est festif, bruyant, et parfois sans-gène. En journée Moby fait un peu l’attraction : en effet très rares sont les bateaux de grand voyage à s’arrêter à St-Pierre, deux à trois par an tout au plus, alors on nous pose beaucoup de questions, on nous regarde : c’est parfois un peu déroutant de se voir interpellés, mais les échanges sont toujours sympathiques!
C’est d’ailleurs ainsi que nous rencontrons les sympathiques Daniel et An-So, jeunes retraités réunionnais qui auront la chance de bientôt partir en transat sur le tout nouvel Outremer 51 d’un de leurs amis! Nous sympathisons, et nous rendons mutuellement service : ils nous feront du « bateau-sitting » lors de notre escapade au volcan, en dormant à bord, et nous leur donnerons en échange pas mal d’infos et de conseils pour leur transat, ainsi que quelques centaines de films, livres, et BD numérisés qui leur tiendront compagnie pendant leur traversée!
Nous rendons la voiture de location dans 2 jours, et commençons à préparer notre départ pour l’Afrique du Sud. La dernière balade sera pour nous en bord de mer, à St-Philippe, connu pour son littoral basaltique et ses sentiers de randonnée côtiers.
Le littoral est étonnant, à la fois minérale et végétal, avec cette foret de vacoas qui a pris racine dans la lave.
Comme partout ailleurs, la baignade est interdite
les coulées sur lesquelles nos marchons ont 3 siècles.
Tout comme ces orgues basaltiques
mais les coulées que nos allons rencontrer plus haut ont seulement 30 ans, et sont exceptionnelles!
Tout a commencé par une éruption « classique », dans l’enclos du Piton de la Fournaise, à une altitude de 2000 m environ
puis par une seconde, hors de l’enclos, altitude 1000m, donc beaucoup plus bas, au Piton Takamaka.
Puis du jamais vu : de la lave sortant des entrailles de la terre à une altitude de 30m au-dessus de la mer seulement!
Les coulées vont jusqu’à la mer, et coulent pendant 5 jours : la Réunion grandit de 50 ha!
Voilà les fameuses coulées! Elles forment un fleuve de lave ; Il faut les imaginer rougeoyantes!
La coulée forme une petite vallée. Depuis, la végétation a pris place, comme ces bébés filaos.
cascades de lave,
fissures,
grottes, tunnels, la lave prend des formes très variées
Qui saura être le plus créatifs avec ce morceau de lave triangulaire?
Il est temps de rentrer de cette balade fort instructive. Nous avons pris beaucoup de données sur le volcanisme pendant ce séjours réunionnais. Quelle chance de pouvoir côtoyer de près un volcan aussi actif!
Le lendemain, samedi, c’est jour de marché à St-Pierre, un des plus beaux de l’île parait-il. En effet, nous sommes éblouis de couleurs, de saveurs, d’odeurs. Herbes fraiches, tisanes, salades préparées, achards frais-qu’on appelle ici rougail, ou en conserve (ici de la papaye rapée pour des salades ou rougails) Il y a aussi tous les fruits et légumes tropicaux bien sûr, des mangues, du palmiste, mais je suis surprise de retrouver des fraises délicieuses, des artichauts, du fenouil, produits typiquement de pays tempéré.
L’altitude à la Réunion permet tous les climats, tous les terroirs, et nous rencontrons des petits producteurs soucieux de leurs produits, le tout très bon marché étant donné la qualité.
Ici du jus de cane fraichement pressé à la demande, un peu plus loin des rôtisseurs de porc,proposant cette spécialité sino-réunionnaise délicieuse : les sarcines, sorte de longe de porc laquée, sucrée-salé et tellement fondante.
Ce marché est un régal des yeux et du palais!
De retour, le plein de vitamines est fait en vue de notre prochaine traversée, qui ne devrait pas durer plus de 7 ou 8 jours.
Le week-end se passe tranquillement sur Moby, à préparer, ranger, nettoyer, et avancer sur le programme d’école comme tous les matins.
Les samedis et dimanches, c’est animé ici à St-Pierre! Pour le 11 Novembre, les paras font une démo de saut en parachute sur la plage.
Puis cette charmante demoiselle enterre sa vie de jeune fille avec ses copines : elle nous a gentiment demandé de faire des photos sur notre trampoline!
La SNSM fait une opération « porte-ouvertes »
et assure l’entrainement de ses volontaires
Un concours de pêche a lieu : c’est peut-être lui le gagnant, qui remorque ce très gros requin.
Nous aurons aussi le temps de faire la rencontre de cette famille qui vit à bord de son catamaran, un Bahia 46, à St-Pierre depuis 4 ans, Greg, Morgane, et leurs 2 enfants Malo et Lou qui ont exactement l’âge d’Arthur et Anna.
Quelques années à terre les attendent, mais ils repartiront un jour, comme tous ceux qui ont pris le virus du voyage à la voile.
Bye-bye Réunion, une très belle escale, comme toujours émaillée de rencontres, et qui compte parmi celles que nous reviendrons visiter un jour, par la mer ou par les airs.
La Réunion, Maurice, St-Brandon : ces perles des Mascareignes nous ont offert un séjour de 2 mois d’une incroyable diversité, de cultures, de paysages, de saveurs. Nous aurions aussi aimé faitre escale à Rodriques, la plus créole de toutes les îles des Mascareignes, que nous connaissons bien pour y avoir séjourné plusieurs fois. Une prochaine fois ;-).
Marc says:
Tes récits sont toujours aussi passionnant, Merci !!! Arrivé à la Réunion il y a trente ans j’ai travaillé à St Pierre pour une petite compagnie qui s’appelait Sud Air … j’ai pu survoler et visiter cette ile magnifique pendant les six mois ou j’y suis resté et l’évocation de vos balades ravivent plein de souvenirs … et ne redonne bien des envies d’y revenir !!! Merci encore.
Bon séjour en SA et d’ors et déjà bon fin de voyage !!!
Laeti says:
Magique comme toujours. En te lisant, je redécouvre nos randonnées, y apprend de belles choses sur le pays, les coutumes, la faune et la flore. On attend toujours la suite. Merci de nous faire vivre puis revivre cela…
Boris says:
Superbes récits bravo!