Acores -1- Horta, sur l’île de Faial

Notre séjour de 2 semaines à Horta, au début du mois de Juin 2018

L’île de Faial se profile en milieu de matinée, austère avec ses falaises de basalte trouées de grottes, des bandes nuageuses s’étirant sur ses flancs, et des petits villages accrochés dans les plis du relief. 
Nous approchons de Horta, port et village principal de Faial qui se cache derrière un étonnant cône volcanique effondré en pleine mer : le Monte da Guia. 
L’arrivée se fait sous un bon crachin breton, comme si une procédure d’acclimatation était prévue pour les nouveaux  arrivants en provenance des latitudes tropicales. 
Nous découvrons le village de Horta, très graphique : maisons aux murs immaculés, toits immanquablement ocres, pierre basaltique anthracite donnant à la ville qui s’étage sur la colline un air solennel et chaleureux à la fois.

Le port est bondé, nous mouillons derrière le quai, entre la marina et les bateaux de pêche, et enfilons bottes

Bénédicte en bottes

et chaussons pour la semaine, qui s’annonce fraiche.

et Victor en chaussons irlandais 😉

Le lendemain, le soleil pointe son nez et nous en profitons pour sortir nous aérer. La vue sur Pico, l’île voisine, est dégagée, et son volcan nous surplombe avec élégance. 

Nous déjeunons en terrasse au café Sport (chez Peter),

institution locale, puisque le bar, célèbre dans le monde entier pour y accueillir chaleureusement les marins de retour de transat, fête ses 100 ans cette année! Je goute le plat emblématique des Acores : la morue grillée au four, accompagnée de la bière locale, la Sagrès.

 

Nous sommes aussi fascinés par les sculptures à l’extérieur, qui tout de suite ont attiré notre regard :

le bras de liaison du trimaran de Jean le Cam

c’est bel et bien du carbone!  Mais là, il s’agit de morceaux d’épaves reconditionnées par un artiste français : Jean-Noël Duchemin. Bras de liaison ou tronçons de mat de multicoques de courses : c’est original, majestueux, et offre une seconde vie à des fragments de ces bêtes courses qui ne méritent vraiment pas de pourrir au fond des océans.

un fragment de mat du trimaran Groupama de Franck Cammas, (route du rhum 2002)

4 autres pièces de carbone, en provenance des bateaux de Franck Camas ou Michel Dejoyeaux se dressent fièrement vers le ciel et ponctuent la rue, tels des troncs d’arbres composites.

 
Nous partons ensuite en ballade digestive sur le Monte Da Guia justement, que nous avons aperçu en mer. Ce cratère effondré surplombe Horta, dont il n’est séparé que par un court isthme, et une belle plage de sable noir, très abritée. Sur les hauteurs, nous observons l’organisation de la ville.
Suivent 48h de temps maussade, couvert, avec peu d’éclaircies. Nous en profitons pour avancer le matin sur l’école, qui est presque finie : Victor a jusqu’au 15 juin pour rendre ses dernières évaluations du CNED. J’ai calé le programme d’Arthur et Anna sur les mêmes dates, ce qui devrait nous amener d’ici 2 semaines à de belles grandes vacances!
 
Nous revenons déjeuner un midi dans l’un de ces petits bistrots du quartier de Porto Pim, qui propose sandwiches, quiches, beignets, et assiettes de fromage de Morro (à quelques km d’ici)Nous retenons aussi une farandole de mini-desserts délicieux comme des tartelettes aux noix ou les fameux « pastéis de nata », dessert emblématique du Portugal : des tartelettes de pâte feuilletées fourrées de crème parfumée aux épices légères….Dé-li-cieux!
Nous descendons ensuite sur Porto Pim,

 l’ancien port baleinier de Horta, avec sa porte

 et sa cale en pierre de taille du 17ème siècle,
La houle se brise sur les murs, et nous imaginons sans peine l’ambiance vivifiante en plein hiver…
Nous flânons sur le bord de mer et dans les rues, en attendant notre voiture de location qui sera prête en fin de journée.Nous avons en effet entrevu une étroite fenêtre de temps ensoleillé ; nous avons l’intention d’en profiter pour faire le tour de l’île de Faial
Partout en bord de mer, ces petits sièges aménagés dans les murets, propices à la contemplation.

J’aime aussi ces trottoirs pavés de pierres noires et blanches, dessinant des motifs simples,

Ce diaporama nécessite JavaScript.

ces petites ruelles piétonnes nichées entre 2 murs, ces allées couvertes et ces escaliers menant à d’improbables ruelles piétonnes : c’est une ville où il fait bon se perdre.

Très graphiques encore les façades des églises, en pierre  de lave taillée, aplats de chaux, portes ouvragées noires, boiseries blanches, cloches en fonte, parvis pavé blanc/noir. 
A 17h, nous avons notre voiture pour 24h! La quête fut difficile car la demande est forte  : l’immense majorité des voiliers en transat retour d’Europe choisit Horta comme point de chute, et tous se sont rués sur les locations pendant ces 48 de beau temps….. Parmi les 9 îles habitées des Acores, Faial est la première à offrir un bon abri, avec son port bien protégé et une grande marina. Seule Sao Miguel offre des infrastructures comparables, à Ponta Delgado, mais il faut encore naviguer 150NM. Pendant 2 mois, entre mai et juin, le port d’Horta ne désemplit pas. Juillet et août sont aussi traditionnellement très fréquentés, avec cette fois les voiliers venus d’Europe du Nord y passer l’été, attirés par le climat doux, de beaux paysages et un coût de la vie très raisonnable. Seul inconvénient : les mouillages bien abrités sont quasi inexistants, il faut les pratiquer par très beau temps, et aller le reste du temps de port en port. Heureusement, la majorité des petites îles offre maintenant de petites marinas modernes, telles à Sao Jorge, Terceira et bientôt Graciosa.
Nous partons faire le tour de l’île par la route circulaire, en un peu plus d’une heure. 
Les points de vue sont nombreux : ici, une coulée de lave récente (datant de 1672), a détruit 2 villages, provoquant l’émigration de nombreuses familles au Brésil. Les coulées ont refroidi au contact de l’eau, formant un plateau de bord de mer appelé «  Faja ». C’est une formation géologique que l’on trouve à Madeire et à Sao Jorge, deux autres îles portugaises. 
Un peu plus loin, c’est l’impressionnant site du « Volcan des Capelinhos ». L’éruption est la plus récente de toutes les Acores, qui a eu lieu en 1958, sous l’oeil des caméras de télévision.
La période de volcanisme de 13 mois qu’il s’en suivit a transformé à jamais la topographie et le démographie de l’île de Faial, puisque près de la moitié de ses habitants ont fui et émigré aux Etats-unis, et au Canada. L’île s’est agrandie créant une portion de terre supplémentaire de 12 kilomètres carrés. 
Nous nous arrêtons au pied de cette toute jeune formation, de toute juste 60 ans! La végétation est clairsemée, basse, 
En haut de la falaise, nous apercevons l’ancien cratère, le paysage est lunaire. Au nord, Loïc et Arthur repèrent un spot de surf en contrebas,

les vagues sont superbes et régulières.
Et à l’ouest, les vestiges du phare, toujours debout après les éruptions qui ont vu Capelhino sortir de l’eau : dire que ce phare était avant 1958 en bordure d’océan, entouré d’eau! 
Il est trop tard ce soir pour visiter le musée qui se trouve sous terre, demain peut-être?
Les enfants ramassent des bombes de lave,

 et s’amusent à les faire rouler, qui le plus loin?
 
Nous continuons notre tour de l’île, et traversons de nombreux villages, déserts. Les maisons sont typiquement en pierres de laveet chaux blanche, volets colorés, les églises austères, 
Les nuages ne sont jamais loin. 
Nous voilà revenus à Horta.

 Le port ne désemplit pas : tous les jours, quelques voiliers repartent, mais 10 nouveaux bateaux arrivent.
Et toujours cette vue magnifique sur le volcan de Pico, point culminant de l’archipel.

Tous les jours, les enfants nous demandent quand nous pourrons y grimper… C’est une marche longue et difficile : 6 heures de dénivelé sur des pentes abruptes et glissantes, le plus souvent dans les nuages, or nous ne sommes pas du tout entrainés. Demain, nous irons marcher à la Caldeira  de Faial : premier entrainement!

 
Il fait très beau le matin au réveil.
Mais une fois arrivés en haut à la caldeira, après 30mn de voiture et quelques centaines de mètres d’altitude, nous sommes en plein dans les nuages. Nous franchissons le tunnel d’accès à la caldeira,

peine perdue, nous sommes dans de la purée de pois! Et il fait froid!
 
Inutile de marcher 2h dans le brouillard. Dommage, car le site est charmant, avec sa petite chapelle, et ses abords fleuris ; nous rebroussons chemin et allons sur la côte retrouver le soleil.
Nous croisons en chemin des voitures de rallye automobile : des courses ont lieu pendant 3 jours sur l’île, avec de petites autos aux moteurs survitaminés. Je reconnais que l’île s’y prête bien, avec ses routes en lacets, ses villages typiques et ses paysages côtiers.

L’île accueille d’ailleurs nombre d’évènements sportifs et culturels : le « Acores Trail Run » le week-end passé, qui traverse l’île de part en part, en 47 km et 2390m de dénivelé négatif, 2480 de dénivelé positif,et une course cycliste le week-end prochain. La route que nous souhaitons emprunter pour rejoindre la côte est d’ailleurs fermée pour l’occasion, et nous nous perdons avec bonheur dans les petits chemins de campagne,zigzaguons entre les champs.

Ici, les hortensias sauvages poussent partout, formant parfois des haies de plusieurs mètres de hauteur : dommage, ils ne sont pas encore en fleurs. idem pour les érigerons, qui poussent sauvagement,tout comme le fenouil, et la menthe, que l’on trouve sur tous les bas-côtés, et qui embaument littéralement l’air.

Nous nous arrêtons pic-niquer dans un petit port, fréquenté le week-end et pendant les vacances ; une ancienne cale, un camping aménagé, des vestiges d’un hameau.  
Nous continuons notre route vers le centre d’interprétation du volcan, que vous n’avons pu visiter la veille. Son architecture est souterraine, le site est invisible de l’extérieur, à part ce cercle dessiné sur la plaine de lave.
A intérieur, le hall d’accueil étonne par sa luminosité et son dépouillement. Le béton brut et lisse contraste avec le paysage brut de lave du dessus; 
Le musée relate entre autres les étapes de la naissance du volcan de Capelinho en 1958, image à l’appui, puisque l’évènement fut national puis mondial, les caméras du monde entier venant immortaliser la naissance de nouvelles terres.
 
Tout a commencé un matin à 1km au large de Faial, le 27 septembre 1957 :

un baleinier, assis comme à son habitude au poste de vigie, remarque des vapeurs, de la fumée qui sort de l’eau : c’est le début de la phase éruptive sous-marine qui dura 8 mois, et finit par former des îlots de plus en plus grands qui se relient à l’île de Faial par un isthme.
En Mai 1958, c’est le début de la phase explosive terrestre pour une durée de 5 mois :

 la formation d’un cône volcanique qui émet des gaz, et rejette des scories, bombes volcaniques etc… suivi de quelques brèves périodes effusives de lave coulante. Enfin, une dernière phase  strictement effusive de 4 mois, d’écoulement de lave en flot, jusqu’à former un lac de lave . 
 
En sortant du musée nous assistons au départ d’un chrono du rallye auto : nous ne voyons pas vraiment les voitures, mais les entendons rugir sur la ligne de départ, et ne pouvons manquer les panaches de fumée qu’elles soulèvent en s’élançant sur la route forestière. 
Nous avons aussi accès au phare, qui a été partiellement réhabilité pour la visite : 3 familles y vivaient et se relayaient pour le faire fonctionner. Il a été désaffecté suite à l’éruption. 
 
La vue d’en haut est impressionnante, et on se rend mieux compte de l’avant/après éruption. 
Les nuages nous rattrapent, la brume tombe sur Faial, et il est temps de rentrer rendre notre location, qui n’aura duré que la trop rapide période ensoleillée de 36h à peine.
Je remarque les fontaines, à chaque village, décorées de faïences, chacune a son décor : le phare, des pêcheurs, des fleurs….
 
Le soir-même, nous guettons l’arrivée de Luna Bay 2, l’Outremer 45 de nos amis Guillaume et Jenifer, rencontrés aux Bahamas. Jénifer a décidé de débarquer aux Bermudes, victime d’un mal de mer récalcitrant. Guillaume a continué jusqu’aux Acores avec ses Elisabeth et Serge, propriétaires de l’Outremer 51, Urubu, avec qui nous sommes ravis de faire connaissance. Ce couple de jeunes retraités vit quasi à plein temps sur leur bateau, et ils vont bientôt larguer les amarres, laissant derrière eux leurs grands enfants lancés dans la vie….
Nous passons les jours  qui suivent entre crachin et éclaircies, à travailler l’école tous les matin, et l’art plastique l’après-midi, ente deux grains….La tradition à Horta est en effet de laisser son empreinte, sous la forme d’une petite fresque, peinte sur l’un des quais.

 Nous passons déjà quelques temps à sillonner les quais du port, pour nous imprégner de cette ambiance marine et artistique.

Ce qui est chouette, c’est que chacun est libre d’inspiration. Les réalisations vont du plus simple, monochrome, aux plus complexes, suivant le talent, et le temps que l’on se donne.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Nous retrouvons aussi avec plaisir la trace de bateaux que nous connaissons : Celui de mon oncle et de ma tante, qui ont bouclé leur tour du monde en 2012, sur Armelle T. Et celui de Take-off, une famille suédoise francophone croisée à Cape Town : nous les avons manqué de peu : ils ont quitté les Acores la semaine dernière. Participant à la Wold Arc, ils ont bouclé leur tour du monde en 2 ans!

J’aime deviner, derrière chaque oeuvre, un équipage, un bateau, une aventure : tour de l’atlantique, tour du monde, en 1 an, en 10 ans, peu importe, l’aventure est belle, et les marins heureux d’arriver aux Acores, qui est souvent la dernière escale avant le retour à la maison. Et comme j’aime à le répéter, « A chacun son Everest ».

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Nous croisons finalement ici assez peu de familles ayant traversé sans équipage. Pour la majorité, la transat retour, plus exigente, se fait avec équipiers, en mode convoyage.
Ils sont nombreux à arriver arrivent fatigués de leur transat, les conditions météos sont souvent éprouvantes sur cette portion d’Atlantique qui se traverse en faisant le saute-mouton sur le dos des dépressions, qui tracent leur sillons d’ouest en Est. L’ambiance est vraiment sympa, sur les pontons, sur le quai, au bistro : tout le monde a sa transat à raconter, et son voyage aussi.
 
L’athmosphère pousse aux confidences : après tout, nous sommes entre nous, entre marins, nous avons tous au moins 2 transats à notre actif, souvent plus, des aventures, des anecdotes en pagaille, des galères et des joies.
 
Le port d’Horta agit comme un sas de décompression, entre transat et retour à la maison, le vernis craque, et les langues se délient. Alors que nous approchons de l’issue du voyage, certains avouent combien leur voyage a été éprouvant, parfois décevant ou difficile.
 
Tel ce vieux loup de mer, qui voyage en solitaire, qui aime la mer, mais qui trouve que décidément, voyager, découvrir de nouveaux pays, ce n’est plus pour lui, il est trop tard, il est trop vieux, le désir n’y est plus. Une bonne pipe et un bon bouquin, au coin du feu ou dans son cockpit, c’est ce à quoi il aspire.
Ou cette maman, qui me confie que l’école à bord a été un échec : sur ses 3 enfants, aucun n’a voulu travailler. Alors il et temps de rentrer, de remettre tout ce petit monde à l’école.
Encore une autre famille, qui a tout plaqué, travail, maison, les voilà libres comme l’air, sans contrainte, partis pour un grand voyage à durée indéterminée, et qui rentrent finalement, après moins d’un an passé à voyager. Sans regret, mais sans grand enthousiasme. Ils se projettent déjà dans leur nouvelle vie de terriens.
 
Une autre maman, qui m’avoue qu’elle s’ennuie terriblement en navigation. Voyager, caboter, elle adore, mais passer 2 semaines en mer, ça plus jamais… enfin, pas avant encore 10 ou 20 ans!
 
Tous, je les admire, d’avoir osé, d’avoir confronté leurs rêves à la réalité du voyage en bateau, avec ses joies, mais ses contraintes, et ses désillusions aussi. Tous rentrent chez eux, sans regrets, grandis, lucides, et se connaissant mieux que jamais.
 
Je mesure d’autant plus notre chance, d’avoir conçu, voulu, osé ce tour du monde à la voile, mais surtout de l’avoir mené à bien, et plus encore, d’avoir aimé ça, et de voir combien ce voyage nous a rendu heureux tous les 5.
 
Nous profitons de cette escale pour faire connaissance avec de nombreux autres bateaux : Jean-Roch et Marie-Claire naviguent sur leur Outremer 45 Teiva, avec leur fils Théo qui a l’âge d’Arthur : quelle chance, Théo a des Kappla à bord!
 
Aussi, Mariposa, un Outremer 51 en escale technique, avec son skipper et 3 équipiers très sympas, venant d’horizons très différents. Nous passons nos soirées fort agréablement à nous raconter nos vies et nos parcours, 
Tous les matins, nous levons les yeux vers le volcan de Pico,

 pour voir s’il est visible.

Quand c’est le cas, quelle joie!
le port de Horta est aussi très plaisant sous le soleil. 
 
Entre deux grains, nous peignons notre fresque. Après un petit briefing familial, nous avons identifié quelques éléments graphiques à intégrer : pour le thème du tour du monde : la Terre et une flèche circulaire, puis Moby le bateau et Moby le cachalot blanc, nos 5 noms, le blog….,  Victor a dessiné à partir de ces éléments un projet assez ambitieux…
Nous héritons de Mariposa ses pinceaux et sa peinture… Il nous reste à aller chez le chinois compléter notre équipement : du diluant, un gros pot de blanc pour le fond,
le travail est vraiment collégial : Victor à la conception, Bénédicte à la maitrise d’oeuvre, Loïc à la logistique, Arthur et Anna aidant selon leurs envies et disponibilités : il faut dire qu’il y a de nombreux petits copains qui jouent sur les quais et les pontons, c’est là qu’ils passent l’essentiel de leur temps,
Ca y est, après 3 journées de travail, la fresque est terminée, finitions comprises. Nous sommes super fiers du travail, d’autant que nous ne sommes pas spécialement portés sur les pinceaux dans la famille!
Alors que Luna Bay 2 est parti vers la Médirerrannée, nos amis de Shuti sont arrivés de Florès pour quelques jours. Nous leur faisons découvrir la ville, et nous arrêtons tous chez une coiffeuse local, recommandée pour sa rapidité et sa disponibilité : c’est sans rendez-vous. La voilà tout à coup avec 8 candidats! Tous attendent ce passage chez le coiffeur avec impatience. Anna  me fait remarquer : « Maman, ce n’est pas un coiffeur cette dame, elle coupe les cheveux avec une tondeuse, comme on fait pour les moutons! « 
Anna n’a pas tout à fait tort, et voilà les « boys » qui ressortent avec une coupe militaire +++. Arthur, adepte du style « surfer » , refuse de passer sous sa tondeuse…
 
Le lendemain, c’est une belle journée qui est prévue par la météo, et nous nous donnons rendez-vous pour une grand trail : celui des 10 volcans, qui va nous mener en 18km de la caldeira au Volcan de Capelinhos ; J’estime la marche à une durée de 6h, plus les pauses. Nous mettrons près de 9h en tout!!!!
Le terrain est en effet difficile, avec un dénivelé de +1000m et -1800m, et nous ne pouvons compter avec les enfants faire les 4km/h traditionnels escomptés en mode « ballade »..

Ce trail a été couru il y a 2 semaines par des coureurs venus de toute l’Europe. La trace est issue du sentier de grande randonné qui traverse Faial d’Est en Ouest en 36km. 
 
Un taxi nous emmène  en haut de la caldeira :

 sans être extraordinaire, la visibilité est correcte, et nous permet de voir le fond. Les températures sont très très fraiches ce matin-là, et nous ne nous attardons pas  au bord de la caldeira de peur que les enfants attrapent froid : nous sommes tous en short-équipés de polaires à capuche et de coupe-vent, mais c’est une peu juste!!

Le long des crêtes, nous gardons une vue correcte sur le fond du cratère, malgré les rubans de nuages qui vont et viennent, La végétation est surprenante de fleurs, très colorée.
et la fréquentation, champêtre!Bientôt, nous arrivons dans la foret, tout aussi fraiche….
Nous avons parcouru le tiers des 18km du trail!
Nous allons longer pendant plusieurs km la « levada », un petit canal construit dans les années 60 afin d’assurer irrigation et production d’énergie hydroelectrique dans la partie nord de l’île, moins favorisée en terme de développement.

 
Un petit aqueduc,

puis le canal en lui-même, qui est parfois couvert de dalles, bordé de mousses, dont les côtés sont constellés de fraises des bois, 
Parfois, nous entrevoyons… le soleil, et la côte. puis c’est le réservoir, avec sa grille de filtration
Enfin, nous arrivons dans les champs et retrouvons la chaleur du soleil, fort agréable. Un paysan arrive, et libère les veaux, qu’ils puissent aller téter leur mères : ici les vaches sont toutes 100% élevées en plein air. Pas d’étables, elles vivent toute l’année dehors, grace au climat océanique doux des Acores ; la traite se fait aux champs, avec des trayeuses sur remorques, que l’on amène aux animaux. Un apport de bien-être réel pour les vaches dans un tel environnement, sans stress.
Nous marchons parmi les hortensias, florissants,

mais dont peu sont déjà en fleur.L’île doit être magnifique en plein été, avec ces têtes multicolores, explosant de violet, de rose et de blanc. Nous retournons dans les sous-bois.Voilà le Cabezo di Fogo, l’un des 10 cones volcaniques de l’île.

La toute première éruption connue de mémoire d’homme eut lieu sur ce cone, en 1672, détruisant 2 villages, et créant avec sa coulée de lave, la faja de Norte Pequeno. La zone a aussi été appelée « mystérios », du fait de sa fertilité, à l’époque inexpliquée….  Aujourd’hui on sait bien que la terre volcanique est riche de nutriments, en particuliers les minéraux, et particulièrement propice aux plantations.

la faja de Norte Pequeno

Nous entamons l’ascension de la Cabeza di Fogo, ardue, dans une lande magnifique, foisonnante de bruyères, myrthes, et d’hortensias sauvages.

La descente n’en est pas plus aisée : le sol est glissant, les roches volcaniques roulent sous nos pieds, des rambardes de bois sont là pour nous guider et nous nous y accrochons.
Je ne compte plus les glissades des plus petits, qui sont sur les fesses autant que sur leurs pieds!
Arthur examine sur les cotés cette roche si particulière, noire, brillante, fine comme du sable, 
Enfin, nous arrivons en contrebas du volcan, au lavoir, sur les rotules, et nous écroulons à l’ombre sur les bas-côté de la route, dans un lit de menthe sauvage et d’herbes odorantes.Les enfants nous sidèrent : ils ne semblent jamais fatigués, et continuent, pendant la pause, à courir, sauter, jouer, taper leurs bâtons, et lancer des pierres….
Le sentier reprend, toujours aussi fleuri et voilà encore un autre volcan sur notre route… Il est vrai que nous avons signé pour « la route des 10 volcans…. »

Celui-là est l’avant-dernier, le Cabezo do Canto, et devrait nous donner sur son versant descendant une vue imprenable sur le volcan des Capelinhos, apparu en 1958.
En effet, nous y sommes, devant le volcan, le tout dernier de l’histoire de Faial.
La vue est impressionnante.

en particulier depuis ce belvédère/bunker, utilisé pour observer en sécurité l’évolution de l’éruption pendant l’année 1958Deux fenêtres étroites 
Nous venons de parcourir 18km, et 1700m de dénivelé négatif, 900m de dénivelé positif : bravo à tous.

Arrivés au volcan de Capelinhos, que nous avons déjà visité la semaine dernière, nous ne résistons pas à une ultime ascension : les enfants veulent en particulier trouver des « bombes »,

ces projections de lave de forme ovales ou rondes.

Autre grand jeu, les glissades sur les pentes. 
Nous décidons de rester les quelques jours qui suivent à Horta : il fait très beau, nous sommes entourés de bateaux-copains, et ce week-end, c’est festif : un festival sur le port, et dimanche, c’est « Table ouverte » au Café Sport!

 
Chez Peter, (dont la vraie enseigne est « Cafe Sport ») est une institution à Horta, un bar de marins, tenu de père en fils depuis 1918, et réputé comme étant le bar le plus connu au monde!! Depuis 2 semaines que nous sommes là, nous y sommes passé souvent, pour déjeuner en famille, manger des tapas, dîner entre amis, boire un verre le soir…. Mais demain, à l’occasion de la journée de l’amitié entre Faial et Pico (l’ile voisine), « Peter » invite toute l’île  à sa table! Le 10 juin est surtout la fête nationale!
 
Nous avons peine à le croire mais l’invitation est officielle : BBQ offert toute la journée, de midi à minuit, orchestre, musique live…. En attendant la fête, nous montons visiter le petit musée de « scrimshaw » qu’accueille le premier étage du bar.
Le scrimshaw, c’est cet artisanat baleinier qui a proliféré au 19ème siècle, à partir de dents et d’os de cachalots. Originellement gravés par les marins et baleiniers, c’est devenu un véritable artisanat du souvenir, et des sculpteurs talentueux se sont mis à graver et à vendre des souvenirs au marins justement, à la recherche de cadeaux à rapporter à leurs proches.

 

C’est une caverne d’Ali-baba d’objets les plus variés et improbables, tous fabriqués à partir d’os de baleines.…

Incroyable de créativité, on y trouve des bijoux, de la vaisselle, coquetiers, cuillères, couteaux, crochets, pic etc….cendriers, porte-cigarettes, découpe-tarte, …
jeux de dames, échecs, dominos, … bougeoirs, Peter, le fondateur du « Bistro Sport » de Horta, était passionné de ces réalisations, et achetait tout ce qui avait trait de près ou de loin à cet artisanat, florissant aux Acores, plaque tournante européenne du commerce de la baleine.

L’essentiel de ce qui est exposé provient de dents de cachalots, poncées, noircies à l’encre, puis engravées. Les pièces les pus grandes proviennent des mâchoires des cachalots, telles ces paysages sculptés.

gravure dans une machoire de cachalot

Le lendemain matin, dans la rue, fermée pour l’occasion, les tréteaux sont prêts à recevoir les invités, qui se succèderont toute la journée.
A 13h nous sommes là, et nous régalons de sardines grillées, soupe de poisson délicieuse, tranches de cochon grillé, pain de mais, Merci à toute l’équipe du Café Sport!
Le soir, c’est le festival qui continue sur le port : du spectacle de rue, des clowns, musiciens, acrobates, beat box, ça nous change! L’ambiance est familiale, et les roulottes locales alléchantes, proposant des produits essentiellement locaux.
Le lendemain, c’est le départ! Avant de quitter Horta, nous faisons un dernier tour des fresques réalisées par nos bateaux-copains :
L’équipage de Penn Gwen, très appliqué Pour une réalisation magnifique!L’Outremer 45 Essentielle Un tourdumondiste suédois, qui navigue en solitaire, et que nous avons souvent croisé depuis 2 ans.  Nous quittons Horta, il est temps, si nous voulons avoir quelques jours pour explorer d’autres îles du groupe. Pico ne sera pas possible, car le mouillage dans le port y est interdit. Restent Graciosa, Sao Jorge et Terceira qui nous tendent les bras à moins de 30NM de là. Sao Jorge justement, dispose d’une toute nouvelle petite marina, et d’une place à quai pour nous accueillir quelques jours, nous arrivons!

Laissez un commentaire ; s'il est sympa, c'est encore mieux!