Afrique du Sud – 1 : Richard’s Bay et le parc iMfolozi

A l’aube, les côtes africaines se dessinent : des dunes de sable ocre, derrière un tiède ciel d’azur. Nous devons attendre une bonne heure à l’entrée du port, en pleine mer, car le traffic nous ordonne de patienter, le temps qu’un cargo sorte…. Nous nous faisons chahuter à faire des ronds dans l’eau, un peu moins que le monocoque qui est à côté de nous, le pauvre est à la peine…Mais c’est ainsi, priorité aux navires commerciaux, Richard’s Bay est le premier port mondial de charbon!

Les sensations sont étranges : en mer, l’air est frais, vif, salin, nous supportons une polaire malgré le grand soleil.  Dès que nous franchissons la barre de Richard’s bay, la chaleur nous cueille, le vent est chaud, sec, nous avons gagné une bonne dizaine de degrés en quelques minutes. Arthur a le mot juste : on se croirait dans un sèche-neveux!

Nous arrivons au quai des douanes et de l’immigration à Richard’s Bay : c’est rempli de voiliers en grand voyage! Nous retrouvons des amis, Shuti, la famille d’israéliens que nous croisons depuis Panama, qui ont mis leur bateau au sec à la marina, puis Erik et Birgitta, couple de suédois sur Arial 4, rencontrés à Cocos. Nous faisons aussi connaissance avec une famille de français de Lorient avec 2 garçons de 11 et 16 ans, sur Toumaï, un Sun Kiss.

Les enfants s’en réjouissent : cela fait bien 7 ou 8 mois que nous n’avons pas croisé d’enfants français!

Nous nous reposons, et engrangeons pas mal d’heures d’école, pour prendre de l’avance et pouvoir se prendre 2 semaines de vraies vacances à Noël!

Le quai des douanes n’est pas très glamour, mais nous nous en accommodons. Les enfants en profitent pour sortir les trottinettes et skateboards. Il y a quelques restaurants et commerces, le lieu est très populaire le soir et les week-end. Notre voisin de quai est une épave en férrociment, abandonnée là depuis au moins 10 ans, et squattée par 2 hommes un peu louches. Les deux bougres ne sont pas bien méchants, mais leur bateau est sale, plein de vermine, de trous, et dangereux à traverser. 

Nous ne souhaitons pas rester trop longtemps à Richard’s Bay, et voulons rallier cape Town début décembre, qui est pour nous une escale technique importante avant la remontée de l’Atlantique sud en janvier : un nouveau four, la révision des voiles chez le voilier, le remplacement d’une pompe de cale fatiguée etc… Nous scrutons donc la météo tous les jours dans l’attente d’une belle fenêtre.

La navigation est délicate sur la côte sud de l’Afrique : d’abord car nous ne sommes plus en régime d’alizé, nous alternons donc les coups de vents d’ouest et les régimes de vents d’est,  un peu comme chez nous en Bretagne.

Et surtout, il y a le très célèbre courant des Aiguilles, qui suit la cote sur plusieurs centaines de kilomètres, avec une vitesse de 4 à 6 noeuds. La bonne nouvelle, c’est qu’il est dans le bon sens, et nous servira de « tapis roulant » pour aller jusqu’à Capetown où nous passerons les fêtes de fin d’année en famille. Le problème est qu’il faut à tous prix éviter cette zone par coup de vent d’Ouest  : car le vent contre le courant génère une mer forte et particulièrement dangereuse. Il est illusoire de trouver une fenêtre de 3 jours de vents d’Est à cette période. Il nous restera donc  à faire des sauts de puce en nous arrêtant tous les 100 à 200NM sur la côte : Durban, East London, Port Elisabeth sont des escales possibles, ou tenter se faufiler entre des bascules de vent faibles.

La très bonne surprise de cette escale, c’est que nous sommes à une heure trente de route de la plus ancienne réserve sauvage d’Afrique du Sud : le Parc d’iMfolozi a été créé dans les années 50 par des rangers visionnaires, qui voyaient les espaces sauvages de leur pays se dégrader, notamment sous la pression de la chasse. Leur volonté : sanctuariser une partie des terres Zulus, pour que subsiste pour les générations à venir un territoire intacte peuplés de ses animaux endémiques. iMfolozi est né, premier du genre en Afrique du sud, inspiré de grandes réserves américaines, suivi de bien d’autres parcs. Dans 2 semaines, nous irons avec mes parents et mon frère passer quelques jours dans le  célèbre Parc Kruger, la plus grande réserve naturelle d’Afrique du Sud. En attendant, nous avons loué une voiture pour le week-end, et nous profitons d’un beau dimanche ensoleillé pour aller faire découvrir aux enfants les animaux d’Afrique dans cette « petite » réserve pas trop touristique.

Nous voilà donc dimanche matin à 5h sur les routes, direction les territoires Zulus.
Nous nous sommes levés tôt pour bien profiter de la journée et des animaux qui sortent plutôt le matin et le soir, évitant les heures chaudes.

7h : nous prenons un rapide petit déjeuner à l’entrée du parc, et c’est parti!

Nous dominons d’immenses étendues de savane, et aperçevons de très loin des girafes, des rhinocéros.
C’est très émouvant de contempler cette nature sauvage, intacte, que l’homme ne fait que brièvement traverser. Sachons rester discrets : les animaux sont chez eux, nous essayerons d’avoir le moins d’impact possible lors de notre passage.

Le premier animal que nous apercevons, c’est un phacochère, sorte de gros cochon sauvage. Nous en croiserons à plusieurs reprises,

notamment de très près, maman et bébé , à quelques mètres des tables de picnic du M’pila Resort.Dans le parc, plusieurs hébergements sont possibles, dans toutes les gammes de prix et de service : de l’hotel 4* aux tentes  aménagées, en passant par de petits lodges privés type bed&breakfast, tout est possible.

Puis voilà des singes : ceux-là sont des babouins, qui traversent la route.
Ils sont amusants à regarder, tellement humains dans leurs attitudes. A moins que ce ne soient nous les humains, qui soyons simiesques?!

Enfin, grandioses, les girafes ; avec leur long cou gracile, leur tête inclinée, quelle élégance!

Mais aussi, quelle musculature : le cou est immense, mais trapu à la base, tellement musclé.

Voici des impala, il y en a des milliers dans le parc, peu farouches, elles nous tournent souvent le dos.

Nous traversons rapidement le M’pila Resort,

qui expose d’intéressants trophée de cornes d’antilopes.

En chemin, nous croisons des gardes, qui remontent à dos d’âne le matériel qui aura servi la veille au soir au campement de la rivière White Umfolosi. Deux fois par semaines sont organisés des mini-safaris à pied, avec nuits sous tente, en bord de rivière.

Plus loin, des zèbres paissent tranquillement le long de la route Nous arrêtons la voitures quelques minutes pour les observer. Quelle grâce! Leur pelage est sublime : de base crème, beige ou franchement marron, rayé de noir.

La crinière se dresse le long de l’encolure telle une crete d’iroquois, vraiment, quel panache! Un peu plus loin, cette femelle, sans doute pleine, son ventre est distendu par le gros bébé à venir.

Quelques minutes plus tard, c’est un énorme rhinocéros qui nous coupe la route! Le premier d’une longue série : impressionnant, sont corps fait en longueur presque toute la largeur de la piste.

Dans le ciel, beaucoup de rapaces, à la recherche de proies et de carcasses.

Nous longeons la rivière, à la recherche des points d’eau auxquels les animaux viendraient s’abreuver. Nous n’aurons que peu de chance et n’apercevrons que quelques antilopes et un buffle au bord de l’eau : pas de panthère, ni de lion, ni de guépard. Mais en revanche, des paysages inspirants, peuplés d’oiseaux et de grands animaux .

Nous nous arrêtons pour déjeuner sur une are de picnic spécialement aménagées, et sans danger. En effet, partout ailleurs dans le parc, il est interdit de sortir de son véhicule. Nous déjeunons sous un arbre. Le vue sur la rivière est magnifique.

Les enfants découvrent des traces de pas, dans de la boue séchée. Elles sont énormes! C’était un éléphant! Nous remontons la piste : l’éléphant a longé toute l’aire de picnic sur 100M avant de redescendre vers la rivière.

Nous reprenons le sentier qui longe les berges de la rivière, et tombons sur un groupe de rhinos. Cette fois-ci, ils sont paisibles , ils broutent et nous avons tout le temps de le observer.Ces animaux sont véritablement impressionnants.

De taille colossale, trapus, mais également très longs et courts sur pattes, leur crane et leur tête a des allures véritablement préhistorique : il y a du dinosaure en eux!

Nous sommes très impressionnés par la taille de leur corne avant, longuet effilée, quelle arme ce doit être.

En même temps, ces mammifère sont des ruminants,  végétariens donc, comme, nos bonnes grosses vaches!Ils ont cependant un caractère ombrageux, et il ne faut pas les approcher de trop près.

10 minutes plus tard, nous tombons sur papa et  maman broutant paisiblement. Nous les apercevons de dos, quel postérieur!!

Puis ils viennent vers nous, quel tronche!

Ce sont des rhinocéros noirs, plus communs que les blancs, et qui abondent dans ce parc. Ils n’ont de prédateur que l’homme, et ne doivent leur phénomène d’extinction qu’à la sur-chasse dont ils sont toujours victime-leur corne est en effet un trophée inestimable pour certains, et a surtout la malheureuse réputation d’être aphrodisiaque en Asie. Certains parcs victime de braconnage en sont rendus à couper et détruire préventivement les cornes de leurs animaux pour les protéger…

A titre de comparaison, pour leur taille, voici Anna devant une sculpture grandeur nature

Plus loin, le paysage vallonné s’offre au regard, peuplé d’Impalas . Ici c’est la station de nettoyage : des oiseaux, sur leur dos, les débarrassent des parasites.

On reconnait les mâles plus âgés à leur cornes de talle moyenne, élégamment torsadées

Embouteillage sur la route! Deux voitures sont stationnées pour laisser passer des éléphants.  Nous restons prudemment en retrait, et les observons.Ils sont en train de se nourrir. Ils sont 4 : deux mâles, une femelle et son petit. Le premier male part sur le côté avec la femelle et le petit. Mais un gros male reste, se plante juste devant nous, entre les deux voitures. Il vient se nourrir et avait repéré un arbuste bien feuillu juste à côté de notre voiture.

Je recule un peu, pour le laisser passer, puis reste immobile, comme il est recommandé dans ce cas : ne pas bouger, ne pas faire de bruit. IL n’est visiblement pas agressif. Nous sommes tous les 5 très impressionnés de voir l’animal de si près. L’autre mâle est parti sur le côté, il suit sa femelle de près, et tente une saillie!Le membre que vous voyez trainer entre ses pattes arrières n’est pas un cinquième pied, mais bien son penis!

OUF, notre vieux mâle fait demi-tour, rassasié, nous ne l’intéressons visiblement pas ce qui nous soulage beaucoup : nous ne ferions décidément pas le poids devant un tel mastodonte.

10 minutes plus tard, c’est une girafe qui avance tranquillement vers un arbre pour y brouter des feuilles.

Partis à la recherche des hippopotames au bord de la rivière, nous n’apercevons que ce type de tortues.

Nous continuons notre quête, surement un peu vaine, car il n’y en a que 25 dans tous le parc (contre 700 éléphants, et des milliers de rhinocéros!)

Sur la route retour, un rhino(encore!!) nous bloque le passage : il est colossal : son corps en travers fait toute la largeur de la piste!

Notre dernier arrêt avant de sortir de la réserve  : ce très beau point de vue sur la rivière; pas de lion ni de guépard, mais un buffle, de très beaux oiseaux, et ce grand Kudu qui  nous attend à la sortie.

Le soleil va bientôt se coucher, il est temps de prendre la route, des souvenirs pleins la tête, avec l’envie de très vite repartir en savane, contempler ces animaux sauvages.

Après 10 jours passés à Richard’s bay, une fenêtre météo s’annonce enfin pour rallier CapeTown. Nous sommes impatients d’y arriver!

  1. Valérie says:

    merci pour ce récit fabuleux ! Le safari, pour avoir eu la chance de le pratiquer une fois dans des conditions exceptionnelles, est l’expérience de la nature la plus grandiose et émouvante qui soit. Ce parc est sublime, mais pas de lions ? Ils étaient sans doute cachés ce jour-là. J’étais impatiente de vous lire, et mon attente a été magnifiquement récompensée. Cette année 2018 sera toute particulière pour vous : la fin d’une aventure et le début d’une autre vie, plus sédentaire. Qu’elle soit belle, pleine de surprises, de bonheurs partagés et vous garde en pleine forme ! On vous embrasse fort

  2. Bonjour Bénédicte, nous nous sommes croisés au stage ATMSI. Nous sommes actuellement à Cape Town ce serais sympa de se revoir. Ou êtes vous actuellement ?

    Emmanuel

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