Turks et Caïcos : un avant-goût des Bahamas

Les îles de Turks et Caïcos sont sur notre route entre les Iles Vierges et les Bahamas : il serait dommage de ne pas s’y arrêter quelques jours. Géologiquement, elles font partie du même ensemble que les Bahamas, avec des îles basses, de formation calcaire, aux petites falaises blanches, et aux roches volcaniques, semées de grottes, plantées de mangroves et regorgeant de bancs de sables. Turks et Caïcos forment désormais un état indépendant, peuplé de descendants de pirates, d’esclaves et de loyalistes, ces américains restés fidèles à la couronne britannique au XVIIIème siècle. Le tourisme s’est beaucoup développé au nord de l’île de Providenciales, dans les Caïcos, avec une dizaine de grands resorts comme le Club Med, le Méridien…et plusieurs marinas. La plongée est l’activité la plus prisée.

Pour notre part, il nous tarde surtout de naviguer sur le banc des Caïcos, et de découvrir son légendaire bleu turquoise : nous sommes aux portes des Bahamas!

navigation dans le banc des Caïcos

Le soleil se lève, et nous arrivons dans la matinée à Turks, l’île principale administrativement parlant. Loic se dépêche d’aller à terre effectuer les formalités, car nous sommes samedi matin, en plein week-end de Pâques!
Coup de chance, un cargo vient d’effectuer sa livraison à South Base, le port d’entrée de Turks, et nous profitons de la disponibilité des agents de l’Etat. Nous sommes mouillés devant une jolie plage, bordée de petits bars et restaurants, et encadrée par le quai des cargos, et le quai des paquebots : l’ensemble est sympathique, mais nous apparait bien calme pour un samedi.

Une fois les formalités effectuées, nous allons à terre nous baigner et découvrons à notre grande surprise que tous les bars et restaurants sont fermés : ils n’ouvrent que lorsqu’un paquebot est en rade! Nous sommes en effet mouillés devant ce que l’on appelle un « cruise ship center » : bordant la plage, cela ressemble à un grand hôtel, avec des centaines de transats, des boutiques, des bars, restos etc….. qui n’ouvre que le jour de passage d’un paquebot.
Nous décidons de monter un peu plus au Nord vers Cockburn, la « ville » principale , et descendons à terre nous balader. Nos mouillons devant un bâtiment qui semble tout neuf : Il s’agit en fait du marché, dont le toit est surmonté d’un cactus ces fameux « Turk’s heads », dont la pays tire son nom : Turcs (pour les cactus « turk’s heads » ) et Caïcos (pour caya-hico, qui désignait en Lucayen, la langue des indiens indigènes «un chapelet d’îles). Nous descendons à terre à la recherche d’un marchand de glace pour les enfants. Les rues sont quasi-désertes,
les magasins fermés

ou délabrés
le quai impraticable. Nous avons l’impression de nous promener dans une île-fantôme. Ce qui subsiste du «  jardin botanique »  est fermé,le musée aussi… C’est dommage, car il expose plus de 2000 objets provenants du naufrage du « Molasses »  la plus vieille épave du nouveau monde, une caravelle qui date de plus de 400 ans, antérieure à 1513 en tous cas.  Nous aurions tous beaucoup aimé pouvoir observer ces objets, l’ancre, les armes, poteries, etc….
Tout ici semble à la fois délabré et à l’abandon.
Nous réalisons alors que les ouragans Irma et Maria qui ont dévasté les Caraïbes en Septembre dernier sont aussi passés par les Turks et Caïcos, détruisant beaucoup des infrastructures de Turks, Salt Cay et Sandy Cay. Ce ne sont pas les îles les plus touristiques, à part South Base dont le Cruise Ship Center a été presque entièrement détruit, et reconstruit en un temps record, business oblige!!
A Turks, la moins touristique des îles on remarque que beaucoup de commerces n’ont pas rouvert,

et que de nombreux bâtiments sont très endommagés. Quelques petites maison de bois subsistent de l’ancien temps,

et derrière le bord de mer, des étangs salés s’étirent sur une longue distance, donnant à la ville un air de village du Far-Ouest abandonné…
Nous ne restons pas longtemps, attristés de ce qui semble être une ville hantée…et décidons de repartir passer la nuit à South Base : ce n’est pas glamour, avec pour voisin un cargo en plein déchargement, mais la baignade y est bonne!….et les eaux vraiment transparentes et turquoises!

 Puis le soleil se couche… C’est l’heure de l’apéro!Demain, nous serons le dimanche de Pâques.
Au programme du petit dej : chasse aux oeufs! IIs sont partout : sur l’hydro-générateur,

 dans l’enrouleur de solent,

 sur le charriot de GV

… et même dans les pancakes, fourrés au chocolat ce matin.

Nous appareillons vite pour Salt Cay, qui s’avère être littéralement dévastée par les cyclones de septembre dernier,

 y compris la célèbre « White House » de la famille Harriott, des marchands de sel qui, lassés de voir leur maison détruite cyclone après cyclone, ont décidé de la reconstruire originalement dans les années 1830’ : une structure en forme de coque de bateau, un peu arrondie, comme une proue de bateau. Les entrepôts se situaient en bas, et les habitations à l’étage. Une réussite, car la maison tient toujours debout! Un bon coup de peinture, des réparations sur le toit, et elle sera de nouveau pimpante. Nous ne nous arrêtons finalement pas, car le mouillage n’est pas très clair, beaucoup de têtes de corail affleurent, et l’île a l’air encore plus morose que sa grande soeur.
Nous poussons jusqu’à Big Sand Cay,

une réserve naturelle, paradis des oiseaux et des lézards.

Là, les dégâts des cyclones ne se laissent pas voir, la plage est intacte et sauvage à souhait. Nous passons le reste du week-end à nager, jouer, nous promener…
Comme l’île est classé réserve naturelle, nous ne nous aventurons pas plus loin que l’estran, qui offre un terrain de jeu magnifique. Nous nous éclatons dans les vagues, en bodyboard et body-surf,

Puis les garçons sortent leurs skimboards, Victor ride les vagues sur l’un des meilleurs spots de skimboard qu’il ait vu!

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Quelques unes de ses acrobaties valent le coup d’oeil!
Anna et moi observons avec attention les débris laissés par les vagues : de très nombreuses gorgones, des coraux des coquillagesdes éponges de toutes formes et de densités différentes.
Je croise aussi quelques lézards, qui lézardent justement au soleil.

Nous avions aussi remarqué les traces  laissées sur le sable.

Et voici une drôle de plante, une herbacée, tout à fait ordinaire, si ce n’étaient ses fruits, sortes de petites boules équipées de piquants courbées et crochus redoutables pour les pieds nus.
Nous passons 24 heures merveilleuses dans ce petit paradis.
Après un après-midi sportif, Loïc envoie le drone pour explorer les terres.Le petit phare semble détruit.

Dans le petit lagon Est, une véritable nurserie de poissons s’organise.
 
Pas d’iguane en vue. Mais nous n’irons pas les débusquer, et les laissons en paix dans les buissons;
La nuit est belle et la lune nous accompagne.
Nous appareillons à 2h du matin pour contourner le banc de Caïcos par le Sud : pas question pour nous de naviguer de nuit dans ce dédale de bancs de sable et de coraux. Nous sommes toujours heureux de naviguer sous une belle lune qui éclaire les voiles, la mer, les côtes….Au petit matin, la lune est toujours là!
Nous faisons une courte escale matinale à French Cay : sur la plage, une épave!
Nous partons pour un snorkeling sympa, le premier d’une longue série en eaux turquoises et transparentesDepuis quelques jours, Anna se lance sous l’eau en apnée. Ses progrès sont rapides, et la voilà qui plonge à 3m de profondeur.
L’eau turquoise et les fonds si transparents y sont certainement pour beaucoup : on a l’impression aux Caïcos de nager dans une piscine! Les coraux sont superbes.
Les éponges aussiDe nombreux barracudas rodent, mais nous ne les intéressons pas.
Victor s’amuse à marcher à l’envers sous l’annexe.
Après cette pause rafraîchissante, nous hissons de nouveau les voiles, pour une quinzaine de milles à de navigation sur le banc des Caïcos Nous venons de repérer ce qu’on appelle un « blue hole », sorte de cavité profonde toute ronde.Une fois n’est pas coutume, les vents sont légers en ce moment, nous naviguons grande voile haute

 

sur une mer lisse, quel bonheur!Ca nous change du régime d’alizé que nous avons connu pendant les trois quarts de notre tour du monde, où nous naviguions le plus souvent dans 15 à 25 noeuds de vent, par 2m de creux!
Ici, nous sommes grand largue, et marchons tout de même à 6-7 noeuds, dans 8-9 noeuds de vent, par moins de 3m de fond! Les sensations sont grisantes, et Loïc lance son drone en navigation.

Moby sous voile dans le banc des Caïcos

C’est chouette d’immortaliser de telles images

à la voile dans le banc des Caïcos

On se sent tout petit….Nous arrivons en fin d’après-midi à Providenciales Island, appelée « Provo » par les initiés.
Nous mouillons à Sapodilla Bay, qui ne nous emballe pas plus que cela. C’est très joli, une petite plage touristique, de belles villas qui se succèdent sur le bord de mer… Mais c’est aussi très résidentiel ; pas un commerce en vue, ni un bar ou resto de plage.

Les grandes belles plages, les petites îles et l’animation sont sur la côte nord de Provo; mais il nous faudrait faire un détour de plus de 40 NM vers le l’ouest, le Nord, puis l’Est, et revenir enfin pour effectuer notre clearance départ à Sapodilla….
Nous n’en avons malheureusement pas le temps, car nous sommes attendus au plus vite aux Bahamas, où mes parents ont loué un bateau, pour une navigation en tandem de 2 semaines, comme on les aime.

Nous partons à terre faire notre approvisionnement. C’est important, car les Bahamas, notre prochaine escale pour un mois, n’ont pas très bonne réputation en ce qui concerne les appros :  très chers, peu de produits frais et de variété. Notre guide (Edition mise à jour en 2015) parle d’une supérette tout proche, nous tentons de l’atteindre pied. Après 20mn de marche en plein soleil, nous doutons… En effet, elle a fermé, et déménagé… en ville, à 5km de là! Heureusement, un automobiliste s’arrête et nous prend en stop. Comme nous l’apprendrons plus tard, c’est très courant ici aux Turks et aux Bahamas de prendre en stop des passants, car les distances sont souvent grandes entre les villages et les commerces, et l’entraide est de rigueur! Il nous dépose en ville et nous explique comment trouver un vrai  » faux  » taxi  qui nous ramènera pour 10 dollars à notre bateau au retour. Il suffit d’attendre devant le supermarché avec notre caddie, d’attendre qu’une voiture banalisée nous fasse un discret signe, et hop. En moins de 5mn, nous avons notre « taxi », une sorte de « UBER » à l’ancienne!  Nous revenons les bras chargés de beaux fruits frais-tous importés, mais là, il n’y a pas le choix, il semble qu’ici rien ne pousse!

retour de courses

Comme nous avons fait le check out ce matin, plus rien ne nous retient, nous sortons du lagon avant la nuit, et allons mouiller pour quelques heures à l’ouest de West Caïcos. En longeant la plage, nous découvrons médusés un immense complexe touristique à l’abandon villas,appartement, nous comptons pas loin de 200 baies vitrées (200 chambres?)

Tout est à l’abandon. Nous apprendrons plus tard qu’il s’agit d’un investissement du prestigieux Ritz-Carlton, que la crise financière de 2008 aura stoppé de plein fouet dans son développement.

au premier plan, la marina, et le resort plus loin sur la côte

Il y a même une petite piste d’aviation. 

Plus loin sur la côte nous trouvons la marina; elle aussi à l’arrêt.Nous faisons nos curieux et entrons. Le gardien, très gentil, nous propose même de nous amarrer à son ponton. Il a l’air content d’avoir de la compagnie!
La marina est tellement grande que nous pourrions même y mouiller!
L’idée est sympa, mais des orages passent à l’horizon, et nous ne voudrions pas être coincés sans pouvoir sortir. Nous observons même des débuts de trombes d’eau, avec des « tétines »  qui descendent du ciel.

Nos décidons de mouiller pour quelques heures sous la côte de West Caïcos. Il y fait un calme plat, et nous nous offrons un snorkeling superbe sur le tombant et dans des grottes.
Le soleil se couche, sur un ciel un peu chargéNous allons nous mettre au lit quelques heures, et appareillons à 2h du matin pour Mayaguana, notre port d’entrée des Bahamas, où nous arriverons de bonne heure le lendemain.

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