Le retour à terre…

Le temps a passé depuis la rentrée de septembre, 2 mois pour nous réacclimater à la vie de terriens.

Cet article a été écrit deux mois après notre retour de grand voyage, en novembre 2018. Il n'avait jamais été publié, et j'y remédie enfin. 
 
Voilà deux mois que nous sommes rentrés chez nous :  les enfants ont retrouvé leur maison, le jardin et leurs jeux avec une grande joie.
Chaque journée est une re-découverte de petits plaisirs de terriens : aller à la boulangerie chercher du pain frais, profiter de l’abondance dans les commerces, savourer des douches chaudes, de longues nuits sans quart…

 

Les enfants ont retrouvé leurs quatre grands-parents avec lesquels ils sont très complices, et l’adorable petite chienne Gaïa de Papily et Mamily, que nous baby-sittons à l’occasion à la maison.
 
Nos journées sont occupées à remettre la maison en état. Après avoir été louée tous les étés, elle a besoin d’un coup de peinture, de menues réparations, et de nettoyage de fond. Nous déballons aussi avec plaisir les cartons de nos vêtements d’hiver – nous en aurons bientôt besoin – et retrouvons pleins de trésors.
La rentrée des classes
Nous préparons surtout la rentrée des enfants avec beaucoup d’attention, c’est un grand évènement pour eux de retrouver le chemin de l’école, après deux ans et demi d’absence. Arthur et Anna sont en confiance, ils vont retrouver leur ancienne école, et sont très impatients de revoir les copains bien sûr, mais aussi les maitresses qu’ils connaissent toutes. J’ai pris contact avec la directrice pour débriefer nos deux années et demi d’Instruction En Famille (officiellement I.E.F.) : Anne a à coeur d’accueillir au mieux les enfants, de connaître leur niveau et leurs éventuelles difficultés pour préparer leur insertion scolaire.
 
Nous avons la chance d’avoir une école aussi attentive aux besoins des enfants : c’est une petite structure d’une centaine d’élève, répartis en 5 classes, toutes à double niveau. La pédagogie est centrée sur la bienveillance éducative, la fraternité et l’individualisation des parcours. De notre côté, nous ne nous étions pas focalisés sur le programme de l’Education Nationale, mais avions plutôt choisi de nourrir leur soif d’apprendre : ils ont donc tout naturellement engrangé beaucoup de connaissance et fait des progrès dans les domaines qui les passionnent. Mais d’un strict point de vue « scolaire », ils vont forcément avoir quelques lacunes, qu’il nous importe d’identifier.
 
 
A l’école primaire
Anna est plutôt avancée en lecture pour son âge : je me suis résolue à lui apprendre à lire dès l’année de grande section, car à force de voir ses frères lire, elle en avait un désir intense. Elle a donc très vite appris à lire et à écrire à 5 ans, et dévore tout ce qui lui traine sous les yeux : BD, albums, journaux, histoires…. Elle n’est pas très rapide en écriture, et a un peu de retard  en math car je n’ai pas pas tout à fait réussi à boucler le programme de CP l’an dernier…
 
Son intégration dans la classe de CP/CE1 s’est très bien passée. Elle suit le programme de CE1, aux cotés des enfants de son âge qui sont en CP. Elle a déjà fait un grand exposé en images de son voyage, répondant avec plaisir aux questions des enfants de sa classe. Boulimique d’activités, elle veut faire de la danse, de la gym, du surf, apprendre le piano…. Nous avons limité pour l’instant les activités encadrées, pour garder du temps libre pour bricoler, faire du vélo et garder du temps en famille.
 
Arthur est calé en math et en sciences : en plus des cours au programme, il absorbait ce que son grand frère étudiait au collège, passionné par les explications toujours très pédagogiques de Loïc sur les questions scientifiques et techniques que nous rencontrions au quotidien : l’énergie, la navigation, la mécanique etc…
 
Il est aussi fort en grammaire – un jeu de logique pour lui – et en vocabulaire ( pratiquant avec agilité jeux de mots, homophones et calembours), mais rechigne sur l’écriture et manque de sens pratique….
Après quelques semaines d’école, il a fait de très gros progrès en organisation et en écriture, qui ne lui pose plus du tout de problème. Il a retrouvé toute sa bande de copains, et va avec enthousiasme et beaucoup de sérieux à l’école.
 
Il est inscrit tous les samedis matin au club de voile de notre village pour faire de l’optimist. Nous avons investi dans un équipement de choc : combinaison hyper chaude, gants en néoprène, cagoule et chaussons d’hiver. Il n’a pas froid du tout, même quand l’eau est à 12° comme en ce moment, et l’air à 8-10 : pas mal pour un gamin qui revient des tropiques!
 
Il se se régale en particulier quand il y du vent et que ça souffle à 15-20 noeuds!
A l’école du Cirque
Et pour rendre la rentrée plus passionnante encore, leur école a accueilli fin septembre un véritable cirque, avec chapiteau, animaux et toute une troupe familiale pour une semaine intensive d’école du cirque.

 

les équilibristes

Les enfants de toutes les classes – dès la maternelle – sont allés deux heures par jour apprendre à faire le funambule, les acrobates, le rouleau américain, la boule, les équilibristes…..

Anna l’acrobate

Une semaine bien intense où tous ont beaucoup appris, dans leur corps, et dans leur tête, et nous ont délivré, parents, frères et soeur, voisins, et grands-parents un spectacle magnifique, où tous on surpassé leur appréhension et leur trac.

Arthur sur la boule

Au lycée
Victor se son côté est entré au Lycée. Il a passé fin août avec succès un examen d’anglais pour pouvoir intégrer une section internationale britannique, en vue de passer, en plus du bac classique, un bac international (OIB) qui lui ouvrira les portes des universités anglo-saxonnes. Il est ravi, mais conscient que cela représente des heures en plus d’enseignement et de travail à la maison.
 
Il a de longues, très longues journées, se levant à 6h le matin pour prendre le car afin de commencer les cours à 8h à Brest. Il rentre le soir à 18h30. Il a retrouvé ses copains de collège, et s’en est fait de nouveaux au lycée. Il regrette la liberté de travail et d’horaire que lui permettait le CNED, mais apprécie l’animation du lycée, et la vie sociale entre jeunes.
 
Il n’a pas voulu suivre d’activité sportive extra-scolaire pour garder du temps libre pour travailler, et pour les copains/copines. Il pratique le futsal au lycée à l’heure de midi, va courir une fois par semaine sur le sentier côtier, et nous nous sommes engagés de notre côté à aller surfer avec lui, faire de la planche à voile ou taper quelques balles de golf à l’occasion.
 
A l’heure où j’écris, nous terminons les vacances de la Toussaint. Je retire de ces deux mois passé le grand sérieux avec lequel les enfants ont appréhendé l’école. Ils sont très investis, pointilleux sur la ponctualité, le travail scolaire. Ils ont vraiment le souci de bien faire.
 
Retour au travail
Il fut étonnamment facile de nous replonger dans nos vies à terre. J’ai repris le travail le 2 septembre, en même temps que les enfants. Travaillant dans une entreprise familiale, j’ai récupéré mon poste dans la continuité, retrouvant le travail en famille aux côtés de mon père, de mon frère et de nos deux collaboratrices. Loïc a de son côté très vite retrouvé un job : la pénurie de pilotes est bien réelle en Europe, et il a facilement trouvé un poste sur long-courrier basé à Paris, on ne pouvait rêver mieux.
 
Ce qui est le plus troublant, c’est l’impression que ces deux années et demi se sont passées dans un espace-temps différent, comme une grande parenthèse. Il nous reste bien sûr les souvenirs, et une transformation intérieure qui a laissé des traces.
 
La société de (sur)consommation
Nous sommes mal à l’aise avec cette société de sur-consommation, boulimique d’acheter, en particulier l’inutile ou l’éphémère. Nous «résistons» et sommes particulièrement attentifs à préserver les enfants. C’est une évidence pour eux, car ils ont été sensibilisés à la beauté et la fragilité de la nature face à l’impact de l’homme.
Ils se sont d’ailleurs lancés avec enthousiasme dans un défi « zéro-déchet », pour diminuer le plus possible nos impact sur la planète : achat en vrac, recyclage, bricolage, compost, trajets en vélo pour aller à l’école ou au village….. Chacun fait sa part, comme le petit colibri…
 
 
Se déplacer
De mon côté, quand il s’est agi d’acheter un second véhicule, j’ai opté pour une voiture 100% électrique. Elle convient parfaitement à mes besoins ; parcourir 3 à 4 fois par semaine des trajets inter-communaux de 60km. Son autonomie est suffisante, sans émettre de particules et en silence, ce que j’apprécie d’autant plus après avoir passé 2 années en demi à me déplacer poussée par le vent, et en produisant une énergie renouvelable.
 
Je suis bien consciente que rouler en véhicule électrique ne résout pas tous les problèmes : il reste toujours polluant de rouler, et je modère mes déplacements, prends le vélo dès que je peux.
Les enfants aussi : à part peut-être 1 ou 2 épisodes, ils sont allés à l’école en vélo tous les jours depuis la rentrée, … Idem pour aller acheter le pain ou une bricole au village, nous ne sommes qu’à 2km du bourg, pédaler fait du bien, au corps et à la tête.
 
C’est aussi un éloge de la lenteur : circuler à pied ou en vélo  permet de mieux savourer l’environnement qui nous entoure : s’émerveiller d’un bel arbre ou d’arbustes en floraison, saluer un voisin, s’arrêter papoter sur le bord de la route, ressentir le vent dans les cheveux, le bleu du ciel au-dessus de nos têtes….
 
Autant de petits plaisirs dont on se prive en roulant en voiture. Il faut dire aussi que les mois de septembre et octobre ont été magnifiquement ensoleillés, ce qui a grandement ajouté au plaisir cycliste.

Vue d’automne sur la mer d’Iroise

 

Se nourrir, consommer

Nous essayons aussi de manger sain et responsable, moins de viande mais de meilleurs qualité, le plus bio et local possible, en évitant pesticides, additifs et malbouffe, mais surtout bannir le plus possible le plastique dans nos achats : nous avons vu trop de plastique défigurer les plus belles plages. Halloween et Noël sont de belles occasions de tester notre capacité à réinventer ces festivités de manière éco-responsables : car il n’est pas question de supprimer les fêtes, seulement de remettre l’humain et la planète au coeur des évènements, et de reléguer le consumérisme boulimique à sa périphérie.

Nous tentons à petits pas d’intégrer dans nos vies les profonds bouleversements que notre voyage a eu sur nos consciences. La terre est grande, belle, fragile et forte à la fois.
 

C’est notre responsabilité à nous les hommes, animaux devenus démiurges, d’agir sur notre destin et celui de la planète qui nous porte. Sans culpabilité, avec optimiste, et détermination.
 
  1. berteloot says:

    Bonjour,
    c’est chouette de lire cet article,merci! Je serais curieuse de connaître également le « bilan » que vous faites, maintenant, plus de deux ans après votre retour. Êtes vous toujours tous les 5 bercés par cette belle parenthèse? Bonne continuation. Solène

  2. Anne Dubin says:

    Jolie transition…
    Question: où en êtes-vous? La société de consommation vous a rattrapés ou elle ne passera pas par vous?
    Et la notion de temps? La parenthèse semble très éloignée ou proche par vos souvenirs?
    Merci de nous avoir régalés au fur et à mesure de votre épopée, en attendant de nouvelles péripéties….

  3. MUSSET says:

    Sympa d avoir des nouvelles… même si on a dû attendre 🙂
    Je suis en train de terminer un récit de voyage d Olivier mesnier et d’ un tour du monde avec sa famille et jaugada… beaucoup de similitudes avec votre périple
    Alors on attend celui de Moby.. même type de plume

  4. Voici une belle expérience de voyage, j’ai pris beaucoup de plaisir à vous suivre à travers votre blog. Nous avons également fait un grand voyage avec nos enfants il y a 20 ans, pour nous la reprise du travail a été plutôt dur ! nos enfants venant de terminer leurs études, nous voila de nouveau sur l’eau pour une durée indéterminée ! voici notre chaine YOUTUBE « THETYS autour du monde »
    https://www.youtube.com/channel/UC7uz7iKoKAhQRLEo494djSQ

  5. J’ai également pris beaucoup de plaisir à vous lire. Mais je crois que l’appel de la mer se fait sentir……Alors peut être à bientôt sur la mer⛵️⛵️
    Le Voyage de Pom
    Mapie

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